katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mardi, septembre 19, 2006

Méditations radiophoniques

Internet m’a permis de découvrir la radio.

Avant de pouvoir consulter comme il se doit les programmes susceptibles de m’intéresser, je n’écoutais la radio que d’une oreille, dans la voiture, au restaurant,… Je n’écoutais pas la radio, en somme, à la limite je l’entendais, elle faisait partie de ce bruit incessant dont parle Kundera avec justesse, mais elle n’enrichissait pas mon quotidien, loin s’en faut.

Les premières fois où j’ai un peu cherché pour trouver des émissions ou des documents sonores, je me suis rendu compte à quel point je n’avais jamais pris l’habitude de simplement écouter, de m’asseoir, de fermer les yeux, ou pas, et d’écouter. Je tournais un peu en rond, je trouvais toujours un truc à faire en même temps, résultat : je perdais plus de la moitié de ce qui se disait.

C’est terrible, même pour un « ennemi » de la télé comme moi, à quel point l’image s’impose. La nécessité de voir. Je me dis que rien que d’en avoir conscience, c’est un premier pas, et puis j’y « travaille », mais ce conditionnement, comme tous les conditionnements, m’énerve beaucoup.

Qu’à cela ne tienne, avant de rédiger ces quelques lignes, j’ai réussi à rester tranquille, sans lire, pendant une trentaine de minutes pour écouter Stéphane Audeguy parler de son dernier livre : « Fils unique », que j’ai lu la semaine dernière.

Il s’agit des confessions, ou des « anti-confessions », du frère de Jean-Jacques Rousseau. Résumé de cette manière, cela ne donne pas forcément envie de courir acheter l’ouvrage en question, j’en suis conscient, mais pourtant.

Stéphane Audeguy avait écrit, l’année dernière, un premier roman (« La théorie des nuages ») où se mêlait une imagination débordante et un savoir livresque impressionnant, mariage réussi que l’on retrouve aujourd’hui.

On traverse le XVIIIème siècle en riant beaucoup et en observant des événements fondamentaux (les automates, les révolutions, les revendications « féministes »,…) à travers l’œil d’acteurs que l’Histoire a considérés comme secondaires.

« Il y a toujours une bibliothèque dans mes livres, mais ce n’est pas pour y enfermer un type d’exactitudes qui ne m’intéressent pas. C’est le « dehors » de la littérature qui me parle, les puissances vitales qui s’expriment, je me situe donc à l’opposé d’une volonté d’enfermer le livre sur lui-même. »

L’auteur explique se sentir proche du picaresque par son attirance pour le caractère hétéroclite que peuvent connaître nos existences, il nous sert donc le récit des histoires hautes en couleurs des différents personnages croisés par François Rousseau.

L’émission radiophonique commençait par les dernières lignes du livre, je vais les reprendre aussi, mais pour clore ce billet :

« J’ai fait ce que j’ai pu pour ajouter, avec douceur, au désordre de ce monde. Rira bien qui rira le dernier. »

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2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je vais pourtant courir, avec le souffle que je peux, chercher ce livre. L'enfant des Confessions est un de mes dieux ; l'invitation de l'auteur, à le suivre dans son projet d'entrouvrir des portes dans l'Histoire avec bonne humeur, est prometteuse ; et surtout, je t'entends quand tu nous rappelles le goût de l'intensité de l'écoute : tu le recommandes avec profondeur dans la voix.

Merci Katch de nous signaler ce livre.

Jef

20 septembre, 2006 13:46  
Anonymous Anonyme said...

Ce que tu dis sur tes efforts d'écoute de la radio m'a fait pensé à la théorie des auditifs, visuels et kinesthésiques. Tu connais ?

Ça m'a bien servi quand je travaillais avec des enfants.

http://www.jecommunique.com/%C3%A9l%C3%A8ves_visuels_auditifs_kinesthesique.htm

Katch visuel ?

DJ Benito (auditif irrécupérable)

21 septembre, 2006 20:40  

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