Gros-Câlin
L’être humain, son absence, tourne autour d’un Gros-Câlin à venir, d’un impossible à surmonter.
Une question de tendresse, en somme, celle qui nous manque, surtout, parce qu’à ce niveau-là, il y a toujours un creux, une dépression immense.
Se lever, respecter son rôle, jouer le triste jeu des rues, des voitures, des bureaux.
Mais le cœur hurle, les yeux s’embuent.
Quelques heures avec Gary, et voilà, il faut bien accepter de fermer le livre un jour, une nuit, je ne sais plus, ma tête tourne, les pages aussi, revenir à la première, le sentir à nouveau qui nous met la main sur l’épaule, qui se débat avec la langue puisque pour dire ce qu’il y a à dire, pour dire tout ce qui nous crève les yeux mais qui est dans le fil continu de nos jours, dans le film muet de notre quotidien, il faut contourner ces paroles que nous réussissons si bien à détourner, à vider de leur substance nourricière.
Parvenir à nous faire rire en explosant des vérités pourtant tellement grises.
Mais la profondeur n’est jamais de mise, le « Je » doit toujours être dégonflé par l’humour.
Reste qu’en s’éloignant, le cœur encombré, on est dévoré par cet appel fraternel, par ce chant dédié à la faiblesse dont « on ne sait pas assez qu’elle est une force extraordinaire et qu’il est très difficile de lui résister ».
J’ai essayé de lire autre chose, depuis, je n’arrive pas, rien à faire, alors je me réchauffe avec des passages soulignés dans « La nuit sera calme » :
F.B. : Tu passes beaucoup de temps nulle part ?
R.G. : Beaucoup, mais au moins, j’en ai conscience, alors que la plupart des gens que je rencontre sont tellement installés et convaincus qu’ils sont chez eux, ici, que c’est effrayant … d’irréalité.
Libellés : Littérature
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