katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

jeudi, septembre 28, 2006

Comme un souffle bleu

Une faible respiration. Lente. Pratiquement inaudible, imperceptible dans un premier temps, puis le déploiement, ce léger souffle dans la nuque prend de l’ampleur, doucement, se colore. Le frémissement laisse place à une sensation particulière, jamais ressentie jusque là, un courant d’air, mais pas désagréable, plutôt une sorte de vent chaleureux qui vous étreint, vous enlace.

Puis du bleu, partout, ou presque, quelque fois un peu de gris, un gris délicat qui s’excuse d’être là, qui préfèrerait laisser toute la place au bleu.

La prose de Michèle Desbordes ressemblerait à ça, ressemblerait seulement, parce qu’il faudrait, la décrivant, réussir comme elle à en parler au passé, puis au futur, tout en faisant bien sentir que tout n’est qu’une question de présent, de présence au monde.

Il conviendrait d’envelopper l’ensemble à l’image de ce qu’elle parvenait si bien à tisser, avec une pudeur à fleur de peau, avec ce souci de parler de l’autre, cet autre qui lui était si cher, avec retenue, consciente qu’elle était que tout ce qu’elle pouvait nous découvrir devait rester comme couvert par sa voix, cette voix inimitable, interminable malgré son effacement.

On pourrait relire, inlassablement, les même pages, c’est d’ailleurs ce qui se produit, si l’on n’y prend pas garde, tant ses phrases sont d’une sereine beauté.

Il y a tout cela, dans son dernier livre, « L’emprise », mais il y a encore bien plus, parce que, choisissant pour une fois, elle dont on sait si peu, de dépeindre sa famille, sa vie, elle atteint un degré de maîtrise, une force d’évocation simplement exceptionnels, dans toute l’acceptation du terme.

Les dernières pages, bouleversantes, habitées par un souci de la mort et de l’écriture permanent, laissent songeur bien après la lecture achevée, encore plus lorsque l’on sait qu’elle nous a quitté quelques semaines après avoir mis le point final.

Ces quelques lignes, bien peu, en hommage respectueux.

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1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

je pense que ca a dû lui faire chaud au coeur d'entendre tes pensées, là où elle est ou était... ta façon de t'exprimer, de nous faire partager un ressenti face à une lecture est super.

05 octobre, 2006 01:09  

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