katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mercredi, avril 04, 2007

Une impérieuse envie d'écrire dangereusement

J’ai repris « L’Amant », j’en avais un vague souvenir de ma première lecture, il y a une quinzaine d’années, l’esprit tortueux de Duras m’avait à l’époque donné l’impression de passer à côté de quelque chose, mais je ne savais pas bien quoi.

Cette fois, je l’ai lu, puis relu, cette douleur sourde, cette tristesse fatalement inscrite dans ce corps d’enfant avec, pour seule certitude, l’écriture. Et quelle écriture.

Elle savait, voulait croire, s’accrochait à quelque chose qui ressemblait à ceci :

Un jour j’écrirai. Je chasserai la méchanceté de ce grand frère détesté et je rendrai hommage à mon petit frère, mon premier amour. J’enlèverai un tout petit peu du poids de cette pierre accrochée autour de mon cou en noircissant le blanc, l’innocence que je n’ai jamais connue.

Comme dans les bras de l’amant, le répit offert par sa plume n’aura toujours été que passager, le mal trop profondément inspiré, jusqu’à expiré.

« Là où croît le danger croît aussi ce qui sauve », cette citation est d’Hölderlin, je l’ai notée dans mon carnet une première fois le 23 novembre 2005, elle m’avait frappé parce qu’elle semblait exprimer à merveille mon impression sur la situation paradoxale vécue dans les banlieues enflammées.

Depuis, je l’ai croisée plusieurs fois, elle était chaque fois rapportée dans un contexte différent, mais elle éveille toujours une sorte d’urgence d’écrire, tout mettre de côté, me laisser porter par une musique qui me touche (actuellement Tété), et soigner le désordre qui s’amasse dans ma tête.

Je cogite aussi en compagnie d’Ivan Illich, j’y reviendrai, mais j’aime la manière dont le titre de cet ouvrage, « La corruption du meilleur engendre le pire », une somme d’entretien et une passionnante présentation d’Ivan le terrible, fait écho à cette phrase d’Hölderlin qui me suit depuis un peu plus d’une année.

Dans mes divagations du moment, ceci me fait penser à la féminité aussi bien qu’au socialisme.

Ecrire pour affronter le danger, ou au moins ses propres terreurs, en espérant que cela sera salutaire.

Sans garantie.

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