katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mardi, novembre 20, 2007

Lire et faire lire Rick Bass

« Est-il excessif de croire que le pouls de notre sang et de nos émotions s’accorde au rythme brut des jours ensoleillés, en cette vallée où de brefs étés aux longs jours sont suivis de longs hivers aux jours brefs ? Qu’il s’accorde aux variations de la lumière en ces étranges forêts, voire au son des ruisseaux, lumière et son qui existent de toujours et sont le reflet des sons et des rythmes de notre âme ? […]

Y a-t-il un lieu de cette espèce pour chacun d’entre nous ?

Combien de lieux y a-t-il encore au monde, combien d’espaces divers et variés, et quel degré de tolérance ou d’affinité susciteront-ils ?

Si un lieu est source de paix, ne peut-il transmettre cette paix à ceux qui l’habitent ? Et si tel est le cas, jusqu’où – telle une pierre jetée dans un étang – cette paix s’étendra-t-elle ?

Quelle est la valeur d’un lieu ? »

L’arrivée de l’hiver s’accorde une pause. La clémence du ciel invite les enfants aux premières joutes hivernales, pour autant que leurs parents soient conciliants. On a déjà pu voir, cette semaine, des fragments de patinoire s’improviser aux coins des rues, des ébauches de bataille de boule de neige dans les places de jeu.

Je chemine de fer en direction d’Yverdon, je dépose quelques furtifs regards sur le paysage qui défile, mais mon attention est tout entière portée au livre éblouissant qui tourne ses pages entre mes mains.

Le livre de Yaak de Rick Bass.

Un plaidoyer pour la survie et la reconnaissance de la vallée du Yaak, dans le Montana. Une déclaration d’amour commencée il y a vingt ans, un chant du coeur destiné à cet endroit somptueux qui, cela n’étonnera malheureusement personne, est menacé à moyen terme pour d’industrielles et donc peu fréquentables raisons.

Arrivé à bon port, décidant de laisser mes pas errer dans le centre-ville vite parcouru, les mots indispensables qui façonnent cet ouvrage prennent encore plus d’ampleur.

Je passe devant des endroits où s’entasse une criante absence de souvenirs, des cafés qui ont vu les exploits de plusieurs de mes connaissances lors de soirées arrosées, des moments d’oubli du monde qui, du fait du misanthrope tapi en moi depuis longtemps, m’ont peu fréquenté.

Ce qui m’attache si fort à cette région et aux scintillements de l’enfance se situe ailleurs, beaucoup plus près du lac ou alors bien plus profond dans le majestueux bois de Champagne.

Dans ces endroits suspendus dans un espace temps indéfinissable, la mémoire retrouve son acuité, redessine les contours des cabanes et des parcours d’aventuriers de l’impossible dessinés sur ce qui, à l’époque, nous apparaissaient comme des falaises surplombant la rivière.

« Il n’y a pas, dans la nature, ce vertige écologique de la vie moderne – seulement la confiance héritée d’une ascendance belle et durable. C’est un sentiment enivrant, et nous devons faire en sorte que les générations futures puissent un jour le connaître à leur tour.

Pourtant, je redoute que ce sentiment ne tombe dans l’oubli ou dans l’incompréhension.

Pourtant, j’en ressens l’ardente nécessité. »

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1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Pfff... tes musiques virevoltent dans le bureau...tout le monde siffle et en est enchanté... moi je me marre à l'intérieur et arbohre un sourire niais (et tant pis pour l'orthogaphe)

21 novembre, 2007 17:56  

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