Barbara
« Je n’ai pas le talent de vivre avec quelqu’un, mais j’ai celui d’être sensible à tous les autres. Or, je crois qu’on est plus attentif aux autres et à leur souffrance quand on vit à l’écart que lorsqu’on vit parmi eux, quand on reste éveillé la nuit que lorsqu’on dort. Mon instinct de préservation me rend à la fois plus forte et plus disponible. Ma solitude apparente est pleine de gens que j’ai appris à écouter aussi, comme mon silence, à Précy, est plein de cris d’oiseaux. »
Je viens de passer trois jours avec Barbara.
Pour m’aérer, entre les épisodes de cette existence troublante et troublée, je suis allé courir dans les gorges du Gottéron (http://www.sof.ch/sof/sofotos/).
« Dans l’intimité, je parle mieux aux arbres qu’aux hommes. Et quand je me frotte à eux, les arbres me comprennent et me connaissent mieux que les hommes. »
Quand je suis revenu de Paris, j’avais glissé dans mon sac le DVD d’un de ses concerts datant de 1981, à Pantin.
J’avais déjà son intégrale, mais je dois avouer que j’avais de la peine à écouter ses dernières chansons, la voix, cette onde de choc qui me "chair de poule", n’y était plus, ou plutôt si, elle était toujours là, forcément, mais une fissure l’accompagnait, une brisure que mes oreilles ne parvenaient pas à apprivoiser. Je passais à côté.
Comme elle s’en est allée en 1997, que son dernier album datait d’une année plus tôt, je pensais que, au début de la décennie 80, ce qu’elle appelait merveilleusement sa « musique de l’âme » devait encore être intacte.
Eh bien non.
Alors j’ai voulu comprendre, m’immiscer dans cette vie, comme je l’ai fait avec Brel et Gary, pour voir un peu plus clair sous la silhouette invariablement noire, pour savoir si, ainsi que dans la foi et la soif immenses de mes deux monstres sacrés, j’y trouverais une confirmation de mes envies, une invitation à piétiner allégrement le simulacre proposé sur les tableaux d’école.
Il y une autre raison pour laquelle je me suis laissé emporter par une biographie, c’est que, depuis « Train de nuit pour Lisbonne », j’avais de la peine à « entrer » dans un autre livre.
M’asseoir sur une balançoire géante entre Bruxelles et Paris, avec Barbara me poussant dans le dos, était assurément la meilleure idée que je puisse avoir. Sa vie, ses pudeurs, ses emportements, illustrent à merveille cette phrase soyeuse de Pascale Mercier :
« L’intimité est notre ultime sanctuaire ».
Je me plais à croire que, si le voisin très sérieux à qui j’essaie désespérément de faire signe lorsque nous lisons devant nos fenêtres respectives, m’a regardé lorsque je tournais les pages, il a vu, dans les vagues de mes yeux, scintiller les miroitements déposés par un soleil noir.
Libellés : Pensées vagabondes
5 Comments:
Et j’ai passè ma soirée avec Barbara ... …’Dis quand reviendras -tu. ‘ que tu appelles puissantissime ‘ est très cher à mon cœur , tous les autres sont magnifiques ainsi que tes photos .
Comment fais-tu pour transmettre à l’œil de l’appareil ta sensibilité d’âme ,
la poésie de tes écrits, cette lueur que tu nous offres tout le temps ?
Le Lac de MORAT 1 . 2 , la vallée Gotteron , le ciel , les nuages sont magiques d’une telle beauté qu’on a des larmes aux yeux…. Sublimes !
Merci Karim !
Eh bien merci pour ce somptueux commentaire, c'est agréable de commencer la semaine avec de tels compliments!
Ceci dit, je n'ai pas pris les photos en question, alors je vais transmettre les félicitations à qui de droit (personne que je ne connais d'ailleurs pas).
Tout de bon!
Pardon !
Toutefois connaissant ton art de photographe , une telle erreur est plus que normale, compréhensible .... …
Barbara un peu comme..."Sonia est une solitaire qui n'est bien qu'en société, ce qui lui permet à la fois d'être seule et accompagnée, et la protège de toute approche personnelle"... ?...
La Bataillère, P.-L. Ellenberger
Tu pourras me commander les mêmes ciels ennuagés pour quand j'irai?
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