Douce mélancolie
Hier après-midi, arrivant depuis Fribourg ensoleillée, j’ai une nouvelle fois pu constater à quel point Yverdon et ses alentours se cartonnent fréquemment dans le brouillard, habitude bien involontaire qui rend cette région moins accueillante qu’elle ne sait l’être quand on connaît les charmes.
La température tout de même clémente m’a permis d’exécuter mon projet du jour : aller faire mes adieux saisonniers au lac.
J’en ai profité pour lui présenter mes excuses, trop peu de fois, durant cet étrange été 2007, je m’en suis habillé, lui faisant des infidélités ou le snobant même, par moment, préférant me démener sur un terrain de basket plutôt que de me plonger dans cette eau où je me sens pourtant, privilège rare, entièrement compris et exprimé.
Les courtes et froides journées qui s’annoncent vont me permettre de lire et d’écrire plus que je ne le fais lorsque le soleil est roi, ce qui m’enchante, mais, pour jouir pleinement de cette mise entre parenthèses de mes activités « en société » (vraiment ?!?), encore faut-il qu’une santé de fer m’accompagne ; rien de tel, dans cette optique, qu’un bain revigorant dans un lac joueur débarrassé de sa mollesse chaleur estivale, et que beaucoup de thé au miel.
Depuis que je suis revenu de Paris, une mélancolie passagère m’enveloppe de toute sa langueur, sensation loin d’être désagréable en ce qu’elle m’invite, encore plus qu’à l’habitude, à d’incessantes rêveries, mais ressenti qui, me donnant l’impression d’être en permanence ailleurs, me pousse à éviter de côtoyer mes connaissances, craignant de les blesser par une de ces absences manifestes que la présence physique peine à masquer.
J’écris ces paragraphes brumeux depuis le café de l’Hôtel de Ville, bâtiment qui sert d’entame à la rue où je vis depuis peu et qui, du côté qui surplombe
Ottis Reding fredonne « My girl », de somptueuses photos en noir et blanc d’un alpage dansent sur les murs qui m’entourent, sur chaque table trône des roses qui semblent m’observer attentivement, se demandant ce que je peux bien écrire sur l’étrange outil qui me défie et qui se marie si mal avec cet intérieur tout de bois vêtu.
Le patron vient me faire savoir qu’il est désolé parce qu’il n’y a pas de connexion internet, je lui réponds que c’est plutôt moi qui devrait lui demander pardon d’ancrer dans les XXième siècle cet endroit qui ne demande pas mieux que d’en rester le plus éloigné possible.
Un calepin et des livres se fondront beaucoup mieux dans le décor.
Libellés : Pensées vagabondes
4 Comments:
Tu oublies de mentionner qu'avec ce temps froid et brumeux (re)vient le temps des fondues - activité sociale s'il en est - et qu'il serait bon d'en partager une avec tes anciens compagnons d'infortune martiale!
On peut dire que tu sais comment parler à un mélancolique!
Je partage tout à fait votre avis très cher explorateur des improbabilités helvétiques!
Il faut que fromage fondu se fasse!
Le froid et les courtes journées ne sont-ils pas à nos côtés pour faire respirer la mélancolie en nous et nous réchauffer? Cette mélancolie s'accroche à nous comme un renard à sa proie. Elle danse, elle chante et fais sourire. Comme le dis julien, le froid est synonyme de fondue. Quoi de meilleur qu'une bonne fondue pour calmer la mélancolie? Absolument rien.
Il fait plaisir ce petit texte d'au revoir au lac...
Au bonheur!
quelques notes
quelques cordes
et le corps qui balance
se retrouve au café
le silence ou les mots
on ne sait plus trop...
ce jour-là les détails
s'invitaient à la table
quelques notes
quelques cordes
et le corps qui balance
devient funambule
équilibre subtil ? légèreté du fil ?
on comprend pas vraiment
quand les saisons s'envolent
vers d'autres printemps
quelques notes
quelques cordes
et le corps qui balance
devient mélancolie
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