katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

jeudi, septembre 13, 2007

Le lieu de nous où tout se dénoue

Aix-en-Provence.

Je me laisse envahir, ce qui ne m’était plus arrivé depuis Venise, par l’impertinente impatience du corps, sensation enivrante qui naît dans ces villes indomptables où tout semble éternellement à découvrir. Pieds et regards me pressent de m’étourdir de rues jusqu’à épuisement, de m’éreinter dans la contemplation de façades changeant d’humeur au fil des minutes.

Mes yeux se posent parfois sur les indications historiques jouxtant les bâtiments qui ont accompagné les balbutiements de la ville, je n’en retiens rien, rien si ce n’est la beauté de ce qu’elles décrivent. Des murs, des églises, des places qui se respirent bien mieux qu’ils ne s’apprennent.

M’est-il encore nécessaire, sans que me paroles en viennent à se confondre au ressac de vagues dont la répétition se fait lassante, presque embarrassante, d’écrire combien l’amassement d’informations me semble un étouffement, un oreiller de savoir maintenu sur une tête pour la priver de ce monde, ballet de sensations infinies?

Comment ? Vous ne savez pas cela ? D’anciennes voix par trop académiques s’insinuent dans mes oreilles, je souris et recommence à constituer une mosaïque imaginaire avec mes pas de verres brisés.

Parfois, par la grâce d’un banc, d’un café ou d’une librairie, j’ouvre une parenthèse dans cette phrase errante dont la première lettre a été hasardée de bon matin. Permettre à l’insouciance du temps de s’offrir comme un repos bienvenu apaisant cet élan fou.

Des endroits que je visite et qui m’émerveillent, je n’ai guère plus à offrir, aux gens qui me demandent de leur raconter, que l’insolite d’une scène de vie qui se sera présentée devant moi, que l’atmosphère si particulière du café ou de la terrasse qui m’aura vu m’asseoir plusieurs fois ou que l’énoncé d’une phrase subtilisée dans un livre parcouru dans le train.

C’est à Elsa Triolet, dans son aérien « Le rossignol se tait à l’aube », citant son compagnon Aragon, que j’ai « chipé » celle qui m’a servi de titre et qui me semble merveilleusement convenir aux paragraphes que j’avais médités lorsque j’achevais mes semelles déjà bien mal en point.

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2 Comments:

Blogger Lise said...

Katch, tes mots sont un carré de chocolat dans un monde sans douceur.

L., la soeur de D.

13 septembre, 2007 20:36  
Anonymous Anonyme said...

Et oui encore une fois tu me rends jaloux de tes voyages. C'est fou à chaque fois que tu décris un endroit où tu as été, je veux y aller.
Je crois bien que tu as le pouvoir de rendre les voyages que tu fais, accesible à tous tes lecteurs.

Toujours autant terrible!

Au plaisir

A bientôt!

13 septembre, 2007 23:24  

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