Baiser émietté
M’étant rendu compte, réfugié au Café de
Alors que je marchais à la recherche de quelques pièces perdues, tout content de mon évaporation, un mot s’en est venu papillonner à ma suite : Songe.
S’inscrivant aussi bien à l’orée de mes oreilles que dans le miroitement de mes pupilles, il se décomposait alors en deux pétales brûlants : Sang et Ange.
Je les laissais infuser dans la théière de mes rêveries, ne pouvant m’empêcher de sentir à l’œuvre un des aspects éclatants de l’écriture, cette possibilité offerte, en permanence, de cristalliser ce qui ennuage le ciel de ses pensées, de donner à voir les ailes et les blessures qui se cachent sous un mot, sous ce mot : Songe.
Une pâte à modeler qui permet de façonner les figurines qui peuplent vos nuits, puis de les déposer sur le rebord de la fenêtre donnant sur votre cour intérieure.
Un bourdon sans vie, allongé entre deux pavés, petite peluche impeccable donnant l’impression d’avoir été empaillée ; l’attroupement provoqué, sous le pont du milieu, par un morceau de pain lancé à un canard égaré ; les intermittences du soleil ; la personne âgée qui avançait à peine, souriant, une « pizza à l’emporter » dans les mains.
J’aime aussi me persuader qu’écrire consiste à consacrer la victoire de ces images sur celles, étouffantes, des prétendus rois de l’éloquence qui déferlent sur les écrans, de la marée (ou de l’armée, à choix) automobile, des téléphone qui semblent « piercés » tant ils ne se détachent que rarement des têtes dépensantes.
Ecrire, pour moi, c’est espérer très fort être ce petit bout de pain, hasardé dans
Etre un minuscule baiser émietté de mots savoureux.
Libellés : Pensées vagabondes
1 Comments:
Un mot me vient à vous lire :
exquis.
Merci pour ces précises délices.
Enregistrer un commentaire
<< Home