katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mercredi, septembre 03, 2008

Cette faveur accordée à nous

La nuit respire calmement dans l’écho de bruine qui plane. Je décolle tranquillement, à la lueur d’une faible lumière, les images éparses qui font danser mes murs. Petites lucarnes sur des mondes lointains, sur des souvenirs ; l’éclat de gens et de lieux que j’aime, pour beaucoup.

Des refrains qui m’accompagnent, qui dessinent une fidélité à ces moi qui me poussent toujours vers des émois nouveaux.

C’est la dernière fois que je vois, de l’autre côté de la rue, mon voisin, torse nu, s’adonner à notre valse préférée. Il semble aussi vivre de livres et de papier.

Une année, malgré mes sourires timides, n’aura pas suffi pour entendre le son de sa voix.

A jamais figés dans nos fenêtres de silences, bercés par les pages.



Dès demain, je m’ensommeillerai à quelques pas d’ici, provisoirement. Le temps de laisser cette année, avec son cortège de lumière, me souffler vers l’ailleurs, m’entraîner le plus loin possible des habitudes.

Continuer de n’être que naissance ; naître, incessamment ; essence de l’émerveillement.

En Toscane, au début de chaque chapitre du livre qu’il parcourait, Thomas se déplaçait. Prérequis de l’auteur pour que son lecteur vive pleinement la nécessité du changement de perspective, le plus souvent possible.

Souhait que mes lignes soient un appel à faire sienne cette belle idée, cette indispensable volonté de voir les autres. De voir en/depuis/autour.

Vision qui commence avec l’oreille tendue et l’offrande d’un sourire.




J’ai relu, ce matin, suite à des propos élogieux de Benoît, « Nulle part » de Yasmina Reza. De belles anecdotes sur ses enfants, anecdotes qui sont bien plus que cela, regards de la mère qui a pris des « photos écrites » de ses enfants, instantanés où gronde une tendre mélancolie.

Puis, pour finir, un texte sur son immense sentiment d’inappartenance. Lorsqu’elle a lu des lignes de Kertesz dans lesquelles il se compare au vilain petit canard, elle s’est sentie frissonner dans chacun de ces mots. Elle est, ils sont, de nulle part.




On m'a dit, dernièrement, que je suis un excellent ambassadeur de la Suisse. Comme je suis très imprégné de ce pays, j'ai pris cela comme un compliment, d'autant plus que, portant un nom de famille qui vient d'une île tunisienne inconnue parce que dépourvue de charme, et un prénom qui est un des 99 d'Allah, il y a quelque chose de très drôle là-dedans.


Comme un appel à faire de la mythologie helvétique quelque chose de dynamique plutôt qu'une massue que des conservateurs aigris brandissent à la première occasion.

Dans la biographie d’Annemarie Scwarzenbach que Béatrice m’a offert, j'ai découvert ceci qu'elle a écrit à Ella Maillart alors qu'elle rentrait de Lisbonne, quelque chose de très simple, quelque chose dans quoi je frémis d’évidence :

« C’est enchantant de retrouver la Suisse, ce pays heureux, et je prie pour que nous, les Suisses, comprenions que cette faveur accordée à nous n’est pas la suite d’un mérite, mais une grande responsabilité. »


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1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Et un ambassadeur des mots et des livres ...
Et puis, même si personnellement j'aime bien cette idée de renaître continuellement, de changer... je sais aussi que ce n'est pas tjs simple de le faire... quels sont les prérequis... faut-il avoir confiance en soi, en la vie, avoir la force, le courage, une envie suffisament grande de ne pas être un mouton pour risquer d'être un loup solitaire ou juste parfois une sacré sale tronche? ;-)

04 septembre, 2008 10:55  

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