toujours un peu de grotesque
« M'en vais aimer la vie en songeant à ton grand sourire. »
Franchement, commencer sa journée avec un coucou dominical comme celui-ci dans sa boîte aux lettres électroniques, cela suffit à reléguer l’acharnement céleste aux oubliettes.
Pour tout dire, cela a même fait lever un vent à détromper un éléphant. Ni une ni deux, les nuages broussailleux qui pensaient prendre leurs aises étaient déracinés.
Il y en a plusieurs, de petits mots-framboises, qui sont venus me caresser dans le sens des étoiles.
Je ne sais pas comment vous le dire autrement qu’en vous le disant, comme dirait un baron de mes amis, mais ça fait du bien, tout simplement.
Requinqué, je me suis allongé pour lire l’ « Eloge de
« Tous les clébards des environs parlent de toi, alors on est venus voir à quoi tu ressembles. Il paraît que tu dis jamais rien, que tu passes ton temps à lire, écrire et faire des sourires niais. Le tableau est assez fidèle. Allez, salut, tu nous feras signe quand t’auras décidé d’être un peu moins autiste, OK ? »
Voilà ce qu’ils m’ont dit, d’un commun accord.
La théorie de la relativité prenait alors tous sons sens, mais je n’allais ni perdre ma courtoisie légendaire, ni me laisser démonter pour si peu.
Plutôt courir, au hasard.
Je suis arrivé au bord de l’Océan qui était en train de se faire une permanente de tout premier ordre, des énormes bigoudis chevauchaient l’horizon.
Alors que j’étais plutôt content de mes sensations, un chat sur trois pattes est passé à côté de moi, il m’a demandé si tout allait bien, s’il pouvait faire quelque chose.
Là encore, je suis resté très poli.
Peu après avoir essuyé ce nouvel affront, j’ai dû braver les éléments.
Juste avant la gare de Cruz Quebrada, il y a une cuvette. Elle était impraticable, donc je devais relever le défi de passer sur le muret d’une vingtaine de mètres qui la borde. Le problème ? Il s’y s’écrasait, au bas mot, une vague par seconde.
Je vous laisse faire le calcul de la vitesse que je devais réussir à atteindre pour rester en vie.
Le coureur de fond en rééducation devait se transformer en Katchafa Powell, puissance dix.
Eh bien là, je vous le donne en mille, c’est Jules, un pote que je connais depuis tout petiot, qui est apparu pour tenter de me sortir de ce mauvais pas.
« Allez Katch, tu peux le faire ! »
Il avait le poing serré, son poitrail impressionnant était reluisant, il faisait ses petites mimiques qui me transcendent à chaque fois.
Donc je me suis lancé. J’ai pris appui sur mon pied droite, je me suis dit que j’allais tout donner, et j’ai foncé.
J’entendais un grondement très précis qui se rapprochait sur ma droite, j’avais le souffle de ce taureau d’eau écumant qui me chatouillait les mollets.
Ils étaient tous là, les pigeons, les chiens, le chat infirme, même le petit voisin d’en face qui croit que je viens d’un pays qui n’a pas encore inventé les vestes, ils étaient tous certains que j’allais me ramasser, forcément.
Mais Jules criait plus fort que tout ce petit monde, alors moi j’avais en tête toutes les fois où notre duo s’était avéré gagnant, je me remémorais les terrains de foot où nous avions rendu fous adversaires et coéquipiers, parce qu’on était dans notre propre petit univers, personne ne pouvait nous effleurer.
Déviation de la tête sur un dégagement du gardien, petite louche qui faisait à chaque fois mouche, une-deux magiques.
On leur servait toute la panoplie, avec dessert, et café pour la route.
Ce n’était pas ce petit raz-de-marée qui allait m’effrayer.
J’étais à fond, l’haleine du buffle aquatique était maintenant clairement perceptible sur mes chevilles, ses cornes allaient m’enfourcher sans aucun égard, je n’aurais plus que mes bleus pour me repérer.
« Allez Katch, tu peux le faire ! »
Je nous revoyais en train de nous donner la bourre à Sousse, à Marsillargues, au bord de l’Arnon.
Alors j’ai enterré mes problèmes avec la gravité terrestre, je me suis focalisé sur la discipline la plus ridicule de l’histoire du sport, parce qu’il faut toujours un peu de grotesque, j’ai fait un brillant et salvateur triple saut, et c’était gagné.
C’était bon, j’étais un saint, et sauf votre respect, tous ceux qui n’y croient pas peuvent bien vite aller se brosser.
Libellés : Pensées vagabondes, Photos
5 Comments:
À voir, Lisbonne t'inspire vraiment bien. Premièrement, le "Katchafa Powell" est vraiment bon! Et deuxièmement, le "C’était bon, j’étais un saint, et sauf votre respect, tous ceux qui n’y croient pas peuvent bien vite aller se brosser." est extrêmement fin.
Je me régale à lire ces petites histoires que tu racontes si bien!
J'espère que les mots viennent comme les vagues. J'espère qu'ils viennent s'écraser contre ta tête et repartent pour écrire l'histoire.
À bientôt!
Alexandrov! En bon retraité du foot! ;)
Et y'a pas à dire, tu fais un saint ravissant avec tes boucles!
B.
Mais merde..c't'histoire quoi !!! Je me demande si tu passes sous silence la partie de ton jogging de la journée ou, comme ce bon vieux Jules, tu dois te servir de certains de tes vêtements pour t'essuyer ce que la décence m'interdira de nommer ici ?
Quoi qu'il en soit, je te souhaite tout de bon dans ces contrées (de) sauvages ;-) ...et un petit merci pour ton mail avec les petites photos sympa de l'autre jour !
Je me réjouis que tu (re-)vienne du côté du Blue sky stadium nous gratifier d'une de ces fameuses louches lors de tes prochaines vacances dans nos contrées...
Bisous poilu !
salut mon grand je profite d'un passge sur ton site pour te signaler que je serais de passage a lisbonne en fin avril, alors si le coeur t'en dis....
apluche gilles vago
@ Alex: Les mots viennent sans vague à l'âme, directement depuis l'Océan; on ira se tremper les petons quand tu bouges par ici, histoire de les invoquer et de les évoquer ensemble!
@ B.: Vive les bouclettes!
@ Cicic: Ce sera avec plaisir, et il me semble qu'il y a aussi un bail que je ne t'ai pas fait manger 2/3 p'tits ponts au city!
@ Kodiak: Lisbonne ne se rend encore pas bien compte de ce qui l'attend, mais elle va se rappeler de nous, ça c'est certain!
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