katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

dimanche, janvier 11, 2009

Aller au plus improbable








Je suis sorti d’un pas décidé, après la lecture de quelques pages d’un travail sur les lieux de mémoire, à quoi était venue s’ajouter ma revue de presse électronique (manière de lire qui ne me convient pas trop), beaucoup d’éléments dansaient la gigue sous ma perruque.


Je me dirigeais vers la gare ferroviaire de Cruz Quebrada, un des arrêts de la ligne qui longe Frère Océan, tout d’abord, puis le Tage, pour me rendre dans le quartier de l’Alfama où il y a marché aux puces le dimanche. Ce qui est impressionnant, quand c’est carnaval cérébral, c’est que le temps devient joueur, il aime spécialement les parties de cache-cache.


Donc j’avais à peine fermé la porte de ma chambre que je voyais les lignes de chemin de fer se dessiner. Le trajet prend, normalement, une bonne trentaine de minutes. Là, que nenni, des phrases de Kateb Yacine et de Gary avaient pris possession de ma perception spatio-temporelle. Je flottais dans les limbes de réflexions bancales.


Constatant éberlué cette quasi téléportation, je souriais en pensant à la Une du « Temps » du jour, il y était question de la philothérapie. Entre coaching, développement personnel et psychothérapie, une nouvelle discipline a vu le jour : le conseil philosophique. Venant de rejoindre une dimension parallèle grâce aux rotations à grande vitesse de mon crâne bœuf, je ne pouvais qu’acquiescer, philosophez, messieurs et mesdames, après « ça file », comme dirait l’autre.


Arrivant à Cais do Sodré, terminus lisboète, une affiche venait ajouter encore une couche à mon hyperactivité mentale (Pis à part ça ? Tu passes encore les portes avec la pastèque que t’as sur les épaules ?), il y était écrit, oui oui, je déchiffre déjà le portugais : « Le gouvernement aide les banques, qui aide les gens ? ». Rien de bien transcendant, me direz-vous, mais il y avait un élément qui rebondissait sur mon précédent « blogage ».


« Personne » se dit « pessoa ». Donc cela sonnait comme : « Qui sauve les Pessoas ? ».


C’est-y pas joli ?


Eh bien figurez-vous que la réponse se trouvait dans l’article sur la philothérapie, tout à fait, j’y suis retourné voir avant de rédiger ce petit amoncellement d’inepties :


«Bien souvent, les philosophes recherchent moins le repos des sereins que la vitalité salutaire de l'intranquillité».


Rien que ça. C’est un dénommé Pépin qui l’a dit. Vous ne l’auriez pas dans la gorge, le pépin, des fois ?


Voilà que maintenant que j’ai délaissé le sermon sempiternel, je me retrouve à faire de l’ironie dominicale, incorrigible le gaillard.


Lisbonne n’est pas encore pour aujourd'hui, donc, enfin si, si je sens pareillement pulser l’écriture, ces jours, c’est grâce à elle. Voilà qui tombe bien, c’est pour ça que je suis venu.


Juste, avant de vous quitter, ces quelques scénettes qui, parmi bien d’autres, ont fait ma joie pendant mes heures à flâner :


Un vieil homme profitant pleinement du soleil, cigarette au bec, cendres sur le col; il était couché, affalé serait plus juste, en travers du premier escalier d’une ruelle insoupçonnable. Je lui ai dit « Yep », il m’a répondu « Yep ».


Sortant d’une déchetterie où j’étais venu me perdre avec ma manie d’aller au plus improbable, je débouche sur une petite place qui n’est plus que morcellements épars, je devine alors, au-dessus d’une porte qui n’est plus qu’une vue de l’esprit, un panier de basket improvisé.


Des petits attroupements, souvent, aux coins des rues, je m’approche, curieux de voir ce qui cause tant d’émois, je découvre des tables avec quatre chaises, fixées dans le sol, pour que les joueurs de cartes soient à leur aise, et leurs admirateurs également.

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