katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

dimanche, août 09, 2009

même le vide alors se fait aimant








Je suis attaché à cette joie douce qui consiste à tisser quelques brindilles, celles picorées aux tendres contours que bien des journées façonnent pour nous ; laisser courir son oreille pour capter d’imprécis échos ; accompagner son regard pour ne pas se perdre, même au sein de l’égarement vagabond.


Feuilletant une revue, l’éclat d’une formulation m’est apparu dans l’ombre de propos sur une traduction : il convient d’inventer la meilleure part de soi-même.


Évidemment.


Et même le vide alors se fait aimant.




« Avant, je n’existais pas », nous a appris le neveu de Max, du haut d’une sagesse de quelques minuscules années ; un jeune âge qui ne l’a pas empêché de me montrer comment il faut arroser un citronnier ; mon petit pote a aussi eu la présence d’esprit de libérer un lézard, pris au dépourvu par un saut inopportun dans un seau, « autrement il va mourir de faim », s’est-il empressé de m’informer.


Me sont revenues ces paroles de Lulu la magnifique, alors que nous étions à la place de jeu, il y a quelques années; les nuages avaient pris possession d’un ciel tout d’abord débordant de bleu ; nous nous dirigions vers la balançoire, entourés de pépiements provenant des arbres avoisinants ; elle m’avait alors murmuré : « Tu as vu, les oiseaux ont mangé le soleil. »


Devant mon étonnement, elle m’expliquait de suite le pourquoi du comment : « Parce qu’ils avaient faim ! ».


Évidemment.


Inventer la meilleure part de soi-même.


Et même le vide alors se fait aimant.




A Lulu, la semaine dernière, lors d’une balade en bord de mer pour rejoindre son amie Clara, avec qui elle papote pendant des heures, j’ai expliqué la théorie de la relativité ; cela s’imposait puisque, comme tout enfant qui se respecte, elle a l’impression que dès qu’elle s’amuse, il est l’heure de rentrer ; l’imagination bouscule le temps, remue l’espace ; je ne lui l’ai pas dit comme cela, mais elle a compris ; et elle a eu confirmation qu’il est tout de même bizarre ce Yaya.




« Impasse de l’égalité », inscrit sur une plaque, à Auch ; impasse de l’égalité, formule malheureusement heureuse en ce qu’elle image une pertinente vérité ; impasse de l’égalité chaque jour en pleine face lorsque l’on se laisse dériver dans l’actualité ; impasse de l’égalité qui devrait remettre plus souvent sur le tapis une autre notion fondamentale : la dignité ; impasse de l’égalité qui fait trépasser la fraternité.


Mais l’imagination ; mais s’évertuer à inventer la meilleure part de soi-même.


Pour que. Même le vide alors. Vous suivez bien, c’est bien.




Lors de mon passage à Leucate, j’ai souri en entendant mon oncle dire que ce qu’il n’aime pas, chez les écologistes, c’est les extrémistes ; alors qu’il leur reproche, dans le même temps, de ne pas l’être ; puisqu’il ne connaît personne qui est « complètement écolo ».


Je ne sais pas ce que devient cette contradiction quand il regarde les images de la fuite de l’oléoduc, dans les Bouches-du-Rhône ; 4000 mètres cube de pétrole brut dans une réserve naturelle.


Moi ça me fait frémir.


« L’économisme est l’idiotie de l’abondance. », phrase copiée dans « A demain de Gaulle de Régis Debray.




« A partir de maintenant, la baignade ne se fait plus sous surveillance, bonne soirée ! ».


Une plage à Marseille, début de soirée ; je me suis dit que c’est un peu ce qui a été proclamé dans un haut-parleur néolibéral, à propos de notre économie de marché ; écho de momies qui aiment démarcher, qui n’ont de cesse sur la tête de se marcher.




Hier soir, avant de faire dodo, j’ai lu l’introduction de « Navigateur solitaire », de Jean Merrien ; j’y ai lu ce beau mot : gréement.


Cela miroite comme agréments, carrément.


Cela rime avec avènement, vraiment.


Gréement : tout ce qui sert à régler, manœuvrer et établir la voilure.


On met les voiles ?


Pour inventer la meilleure part de soi-même, ça faisait longtemps ; pour aller de l’avant, embaumé par le vent.



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4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

comme très touchée, à six reprises au minimum, d'abord par les photos et bien sûr tes mots. merci comme c'est beau!
c'est tout ce qui me vient!
lil.

09 août, 2009 12:50  
Blogger @ude said...

exhumé

des flots rugissant s'émeut l'insouciance
influx paisible infiltrant la source
éruptions délicieuses d'impudique candeur
transparence du feu au chevet du satin

à la confluence des opposés
naît un nouveau gréement
chaque instant

l'uni
vers
souffle
dans les voiles de l'impensable
épopées émerveillées
au sein de la légende vivante
du féminin exhumé

février 2008

10 août, 2009 04:35  
Anonymous ladansedesétoiles said...

Des images magnifiques, un texte profondément sensible le tout accompagné par des mélodies suaves dont la douceur est bien plus qu'émouvante. C'est toujours un délice de se laisser emporter dans ton univers.
Sabi.

15 août, 2009 21:06  
Blogger Unknown said...

Gréement...j'ai aussi adoré ce mot...il chante...
comme plein d'autres liés à la voile...
découverts avec Ella Maillart, la vagabonde des mers...

Et puis, je n'ai pas pris le temps de terminer ma barque...je pense qu'elle restera tête en bas dans le garage pendant encore quelques mois (années?)...
Il y a encore des "coutures" à coller, la fibre de verre à poser, le vernis, le mât, la voile...
Et puis, finalement j'aime bien qu'elle reste dans mon imaginaire... je peux la changer à ma guise...

gréement aurique...gréement latin...grément au tiers...bon, y'a le plus moderne Marconi, mais j'arrive pas à m'y résoudre...bon, le latin, c'est beau, c'est comme La Vaudoise du Léman ou les barques catalanes, mais c'est compliqué pour virer... bon, alors au tiers ou aurique?...et puis, j'aime bien les bout-dehors avec leur petite voile...mais je sais pas si ça va pas faire trop pour ma petite barque...déjà il faudra qu'elle flotte...on l'essayera sur l'étang de Chamblon, ce sera plus facile pour la repêcher si elle coule...et puis après on verra après pour la gréer...mais bon, elle vogue déjà dans ma tête et sur les mots et ça, c'est l'essentiel ;-) Que du bonheur...yououou, bon zou au lit, il est tard, c'est ça de rester crochés au mots de ton blog ou plutôt d'être décroché dans l'imaginaire ;-)

05 octobre, 2009 22:11  

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