katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

samedi, octobre 17, 2009

votre joie est votre tristesse sans masque








Un parterre de châtaignes, des arbres sens dessus dessous, des branches couvertes d’aiguilles venant sanctionner mes tibias lorsque je me suis aventuré sans bottes; le soleil fait des aquarelles quand il parvient à se faufiler à travers le feuillage, ou alors, d’autres jours, c’est la pluie qui peint une fresque pointilliste où les traits s’effacent à mesure, il ne s‘agit que d‘éclabousser la toile pour la revivifier.


Souvent je m’arrête pour prendre de pleine lampée de ce qui, autour de moi, se distille de merveilleux.


Gamin, mon grand-papa me mettait en garde quand il voyait que j’avais envie de guigner dans les fûts remplis de fruits qui allaient se muer en digestifs; aspirer trop fort et ma tête ne s’en remettrait peut-être pas.


Ici, pas d’avertissements, au contraire; une exhortation à déployer ses poumons, à aérer ses yeux.


Cela déborde à l’intérieur; c’est une eau de vie qui n’aime pas être enfermée, qui n’a pas besoin d’être fermentée, la joie.


« Plénitude heureuse » écrit Philippe Jaccottet dans « Couleur de terre » qui vient de paraître.


Oui, plénitude heureuse.


« Votre joie est votre tristesse sans masque » peut-on lire dans « Le prophète » de Gibran, une affirmation qui était l’invitée de marque des belles discussions partagées avec Marion, dans ce coin de France où la folie de nos vies respectives nous a permis de nous retrouver pour un mois que je ne suis pas près d’oublier.


« Votre joie est votre tristesse sans masque », c’est une formulation qui a été le refrain de plusieurs des belles rencontres qui ont rythmé mon année; un refrain qui a déposé Maud, Marta, Lucie et Fanny sur la face-cœur de mes paupières.


Passée une clôture qui n’en est pas vraiment une, mes bottes m’ont souvent emmené sous un marronnier majestueux, pour y chiper des coulemelles, rebaptisés « yes man » par mes soins, afin d’y grappiller un peu de bois sec, précieux au moment de l’allumage de feu, ou simplement pour y passer les minutes où s’achève la journée; l’apaisement qui caresse dans le sens des voiles, celles qui n’éloignent que pour mieux définir la tendresse, pour la polir.


Quand vous me faites le plaisir de me lire, vous venez vous saisir de cette pierre lisse qui se pelotonne dans ma paume; j’aime que vous mettiez ce caillou dans votre poche, j’aime la douceur de cette curiosité qui sait dépasser l’incompréhension, qui interroge le décalage.


Se remettre en cause, c’est en permanence avoir conscience qu’il y a un moment où le "bousculement" peut mener au basculement; écrire, pour moi, c’est faire l’équilibriste entre les deux, c’est se balancer sur cette marge humaine pour la mettre en perspective.



« Je pense que c’est le devoir des intellectuels et des artistes d’appuyer constamment là où cela fait mal », a dit Michal Haneke, dont « Caché » me poursuit encore, au journaliste du « Temps ».


Parce que toi tu serais quoi, un pseudo intellectuel ou un pseudo artiste ?!?


Non, non, juste un pèlerin curieux ; malicieux aussi, parfois.


J’aime bien mettre mon bâton dans les jambes de ceux qui ne regardent jamais où ils mettent les pieds.



Sourire; marcher; lire.


Autant de piliers soutenant la toiture:


Rire; courir; écrire.


Voltiger d’un palier à l’autre.


Entre de fines gouttes de silence.


Vous avez déjà lu ça quelque part?!?


Bizarre, bizarre.


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1 Comments:

Blogger Ondine said...

Ça me fait du bien de lire ces mots, tes mots, dès l'atterrissage (ou presque). Je t'embrasse.

18 octobre, 2009 17:40  

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