katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

lundi, janvier 02, 2012

fragments marins


Sur la place de la joie, on trouve quelques arbres qui semblent artificiellement gonflés, on se demande ce qui va sortir de ces troncs difformes ; j'y reviens régulièrement, une réponse s'impose : vraisemblablement rien. Plusieurs de ses bancs sont squattés par un monticule d'objets, plus ou moins insolites, tenant compagnie, et probablement rendant moult services, à la personne, à côté ou dessous, qui y passe ses jours et ses nuits. En premier plan, suivant l'endroit depuis lequel on risque un oeil, une plaque en hommage à l'homme, son nom est absolument dispensable, qui a écrit l'hymne national. Un texte qui commence comme suit: Héros de la mer, peuple noble / Nation vaillante, immortelle / Lève-toi aujourd'hui à nouveau / Splendeur du Portugal.


Le ridicule du refrain guerrier se glisse dans mes pensées quand je regarde une ombre physiquement incarnée en train de faire les poubelles, me disant alors que l'expression correcte serait, au contraire, défaire les poubelles. De même que les hymnes nationaux ne sont plus chantés, mais désenchantés, et considérablement éméchés.


Après avoir traversé la foule se piétinant parmi devant les magasins de la Baixa, j'aime bien venir lire ici. Parfois un de mes potes, sur une banquette, qui braille quelque chose d'incompréhensible ; je lui fais un signe de la main, pouce tendu, juste histoire de lui montrer que j'ai vu qu'il existait, ce qui le calme de suite. Une fois, il y en a un qui est venu me mettre la main sur l'épaule en me demandant si je savais ce que j'étais. J'ai répondu que non, ou que cela dépendait des jours, mais que j'étais très curieux d'entendre sa réponse. Alors il a décrété, me serrant dans ses bras, que j'étais un bouddhiste.


Au premier de l'an, la place du commerce était jonchée de débris. Une impressionnante surface couverte de tessons de bouteilles, de restes de nourriture, de lambeaux d'humains, certains endormis chemises ouvertes ; ils risquent de se rappeler quelques jours d'avoir perdu pas mal de notions basiques en fêtant la nouvelle année.


Pour notre part, nous avons, en ce dernier jour de 2011, traversé en direction de Cacilhas, pour nous plonger dans un plat de fruits de mer. Le bruit de l'eau, les bouches ouvertes des enfants de Dorothée, les lumières qui s'étaient engouffrées et se dispersaient dans la nuit fraîchement surgie, tout cela me remémorait de nombreux réveillons, revenus de plus ou moins loin, passés plus ou moins loin.


Glasgow, Pukhet, Sète, Valence (Espagne), Paris, Berlin.


Puis tout ceci s'est figé en un point, celui de la concentration nécessaire pour fendre une patte de crabe sans que mes voisins profitent de ma maladresse.


J'ai échoué, des fragments marins se sont tout de même disséminés, dans un sympathique brouhaha de rires et de verres qui s'entrechoquaient.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Feliz Año Desde BCN! L'appart est poutzé y a plus qu'à faire comme à Baixa...du Shopping ahahah!!!
Besos de la playa! PWR (PatriWaltiRaffa)

02 janvier, 2012 19:55  

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