katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

samedi, janvier 24, 2009

au plus proche de ses joies et de ses peurs




Le soleil s’est ri de moi, aujourd’hui. Il a laissé deviner sa frimousse, ce matin, puis, quand il a vu que son coup marchait, il m’a fait une grimace, et s’en est allé sans demander son reste.

Bien que tout penaud, je me suis dit que je n’allais pas me laisser abattre par si peu, non, non, d’autant plus que comme j’avais de la visite cette semaine, je n’ai pas été très assidu, ni devant la page blanche, ni dans mes baskets.

Il était question de remettre l’ouvrage sur le métier, de souffler sur le désœuvrement émietté.

Un long message de Benoît, comme je les aime, avait lancé ma journée, je devais plutôt puiser à cette source-ci.

J’ai pianoté quelques paragraphes, un moment il y a quelque chose comme cela qui a pris forme :

Vivre par soi ;

par-delà ce qui nous déçoit,


parvenir à ce qui nous assoit.


Je l’ai relu en dégustant une de mes découvertes portugaises, le carioca de limon, des épluchures de citron dans de l’eau chaude. Avec une « pinçotée » de sucre, c’est à laisser traîner sa langue sur la table, ce qui n’est pas pratique quand on tente d’écrire.

J’étais plutôt content, mais comme super Benito m’a répété que, le concernant, mes éclaboussures poétiques ne « passaient » pas, je lui sers une autre tranche, découpée après la narration d’une expédition en Andalousie :

"Il a fermé les yeux une ultime fois dix jours après notre retour. Béatrice m’a dit qu’il avait refusé tout acharnement, elle a ajouté qu’elle admirait ce tiré de rideau.

Je garderai toute ma vie le souvenir des rares moments où je l’ai côtoyé. Béatrice y a pris encore davantage de relief, et j’ai eu la confirmation que c’est ce genre d’échanges, sans « brillantine », au plus proche de ses joies et de ses peurs, qu’il m’importe de vivre.


On y côtoie, dans le mouvement même de son ouverture à l’autre, la possibilité d’un recentrement sur sa propre humanité.


On se débarrasse de ses couvertures, pour mieux se laisser enlacer.


On embrasse les contours du prochain, pour mieux se découvrir.
"

Comme cela vous avez un petit aperçu de ce à quoi je m’attelle pendant cette « résidence d’écriture » décrétée et financée par mes soins.


Un peu plus tard, boudant l’Océan qui n’arrivait pas à convaincre le soleil de faire son retour, j’ai opté pour un changement de parcours, je suis allé trotter en direction d’un colline qui, sur la gauche, me hèle quand je regarde par la fenêtre du salon.

Eh bien je n’avais plus que mes bouclettes moutonneuses pour bêler quand je me suis rendu compte que j’avais de la boue jusqu’aux genoux.

Et quelques nouveaux copains chiens pour se moquer de moi et de mes émois.

Je suis donc rentré, me remémorant, pour me redonner le sourire, la dernière soirée d’anthologie que j’ai vécue à Fribourg, avec quelques amis qui ont une place bien particulière dans mon cœur. Comme l’écrit Roud dans son Journal :

« A ce feu déjà mort j’attiserai mon hiver. »

En parlant de feu, le souper que je mijote pour César, qui croule sous ses tentatives de rangement, et moi, est dessus, alors je vous laisse.

Très affectueusement vôtre, comme toujours.

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1 Comments:

Blogger Lise said...

ton texte fait écho à ce que je vis en ce moment. Des moments vrais avec respect et sincerité. Parfois, lorsqu'on a en face de soi quelqu'un sans couverture et sans fard, on se demande si c'est vraiment réel .. ou si on va se réveiller. Suite au prochain épisode.

05 février, 2009 02:07  

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