katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

jeudi, décembre 07, 2006

Mais voir une vieille dame pleurer

Quelques tables, des chaises autour, une poignée de personnes esquisse le bruit de fond.

La pièce est assez grande mais il me suffit d'un seul regard pour que l'espace se réduise à un petit nid, un minuscule amoncellement de brindilles à l'effrayante fragilité.

J'ai simplement levé les yeux.

L'endroit n'est plus le même, l'orage se précise au fond de mes entrailles, la douleur est tellement manifeste que le puit des mots est asséché, la parole rendue vaine.

Tendre la main pour établir un pont avec cet îlot de tristesse, refuser de voir ce corps chétif écroué par les coups de la vie, cette existence qui a passé tellement vite et est à présent sur le point de s'échapper sans un bruit, comme par désenchantement.

Mais cette lueur d'apaisement est illusoire, les vagues de détresse continuent de venir s'échouer avec fracas sur les parois de ce coeur trop plein qui ne sait plus comment se faire entendre.

Les mots de Brel hantent mes oreilles, "mais voir un ami pleurer", cette chanson se grave en moi, l'ami mué en vieille dame sortie de nulle part.

Mais voir une vieille dame pleurer.

Les larmes ont hurlé longtemps, la poitrine semblait devoir continuer à se soulever sans fin, le désespoir s'indifférant du royaume des morts ou des vivants.

Ces images, comme tant d'autres, je ne peux pas, ne veux pas les chasser, elles sont imprimées du côté coeur de mes paupières, algues éternelles déposées sur la plage de mes jours, me rappelant la beauté du sable et le privilège de mes pieds nus.

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3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Les yeux des prostituées dans la nuit me brule encore sur la peau; l'odeur du vin et de la rue c'est encore dans mes narines; les yeux de Valeria, assis par terre à la gare, lui qui ne savait plus se mettre débout,la police et les tziganes aux yeux vert et sauvages... j'ai quitté eux aussi avec ma famille et la mer. Je les ai quitté et je me retrouve dans ce monde que tu decrive, fait de jalousie, competition, et de vent qui ne vient plus de la mer mais du desert de l'âme... je m'accroche à la paresse, celle faite de rêves et d'idéals...
c'est fou ce que tu nous pousses à écrire

07 décembre, 2006 17:52  
Anonymous Anonyme said...

...

13 décembre, 2006 13:08  
Anonymous Anonyme said...

Magnifique texte et très belle conclusion.
Merci

14 décembre, 2006 18:48  

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