Le bonheur, ben voyons
Comment passer d’une réflexion sur le bonheur à la vision de la littérature par Gabriel Garcia Marquez ?!?
Grâce au réalisme magique, bien entendu.
Aujourd’hui, dans « Le Temps », l’homme qui a « popularisé/vulgarisé » la résilience, ou du moins le concept de résilience puisque je ne crois pas qu’il existe d’études démontrant les bienfaits de la lecture de Cyrulnik sur le peuple, vulgaire ou pas, répond à quelques questions ; le neuropsychiatre parle de son nouveau livre et du bonheur, dont il ne peut pas donner de définition mais qui est, selon lui, « une illusion parfaite » , merci monsieur, que nous allons passer notre vie à chercher et grâce à quoi nous allons « trouver du sens », ah voilà qui fait plaisir.
Metin Arditi, quant à lui, estime qu’ « il n’y a pas de société heureuse sans art, sans artistes ».
Sans des gens comme lui, en somme.
Je pensais écrire ma théorie personnelle sur cette notion abstraite, quelque chose qui aurait eu la prétention d’être moins « gentillet » que le « there is no way to happiness, happiness is the way » des bouddhistes new-age, mais qui, en réalité, il faut être conscient de ses faiblesses, aurait dit la même chose.
Puis Garcia Marquez m’a sauvé, grâce à un article inédit paru dans « Le magazine littéraire » de novembre 1981 qui s’intitule « la poésie à la portée de tous ».
L’auteur du génialissime « Cent ans de solitude » y déplore la quantité d’aberrations que des critiques de renom, des universitaires surqualifiés (Benoît, je vais t’envoyer une copie, tu verras comme ça fait du bien) estiment découvrir dans ses livres. Sa conclusion, que je vais faire mienne, même si on est en droit de penser qu’elle n’a rien à voir avec ce qui précède, est la suivante, alors débrouillez-vous avec ça :
« Pour tout dire, un cours de littérature ne devrait être guère plus qu’un bon guide de lectures. Toute autre prétention ne sert à rien d’autre qu’à effrayer les enfants ».
Libellés : Pensées vagabondes
4 Comments:
En fait, ce qui manque dans les cours de littérature, c'est des gens qui vous expliquent comment c'est fait: tout comme pour un cours de menuiserie. Ensuite, le talent, l'inspiration et peut-être le génie, n'a rien à voir avec les cours. Ce qui me révulse, c'est l'université qui plaque, par exemple, la psychanalyse comme outil premier pour entrer dans, comprendre et interpréter la littérature, en vous estampillant votre diplôme, pour qu'à votre tour, vous répandiez vos fadaises professionellement. Arggggh!
Sur Cyrulnik, oui, c'est en train de devenir un gourou passe-partout, on le voit et l'entend sur toutes les tribunes, si bien que j'ai plein de clients qui viennent, après avoir lu un article sur "le bonheur", acheter ses bouquins en croyant avoir trouvé un livre de recettes pour devenir "heureux".
Rien à voir.
J'ai lu "Un merveilleur malheur" et j'ai trouvé ça bien, très éclairant. On est loin du livre de recettes.
Son propre parcours est fascinant. Il avait toujours refusé, jusqu'à il y a deux ans, de parler de son enfance - et ce concept de résilience, tu vois, il rejoint un peu ce que Christiane Rochefort dit dans ses "Enfants d'abord". Quelque soit la famille "fuckée" dans laquelle on atterrit, on peu parfois avoir un coup de bol, un oncle, une tante, qui passe dans le paysage, et qui donne l'essentiel, ce qu'il faut pour se construire "autour de", et qui peut être plein de trucs. Il ne dit pas autre chose.
Mais "le bonheur" par ci, le "bonheur" par là, oui, ça devient énervant. Presqu'envie de proposer aux clientes qui l'achète de ne pas oublier d'acheter son livre sur les grillades, qui est complémentaire.
En ce qui me concerne, je me sens tjrs comme une enfant quand on parle de la " vraie littérature " et je dois avouer que la plupart des bouquins que j'ai lu en cours, j'ai pu les apprécier parce qu'on les travaillaient, analysaient, bien entendu. Avoir qu'une seule pièce du puzzle quand nous avons certains livres entre les mains, n'est pas suffisant.
le bonheur, le bonheur quelle prétention ! Ca m'énerve ces histoires !!!!!!!
Just for You mister Ben, tiré du carnet d'Hubert Nyssen (j'aime particulièrement le "ceux qui savent" qui m'a rappelé mon sourire la première fois où j'ai lu l'expression "happy few"):
"Ce soir, après avoir regardé Caché, le film récent de Michael Haneke, je suis allé voir sur internet ce que “ceux qui savent” en disaient. J’en suis revenu tellement étourdi par la brillantissime manière qu’ont certains de se livrer à des interprétations psychanalytico – psychédéliques, que je suis retourné aux impressions premières que Christine et moi, nous avions eues... Des acteurs de première bourre (Auteuil, Binoche, Bénichou) parfaitement dirigés, quelques séquences superbes et, dans l’ensemble, une auberge espagnole où les amateurs de culpabilité, de refoulé trouveront à se rassasier."
Ah ça !
J'ai beaucoup aimé Caché !
Un de ces rares films ou, quand les lumières se rallument, on a des gens autour de soi qui fulminent ("fim de merde", "on s'est fait avoir !") et d'autres qui sont éblouis, ou qui commencent à réfléchir.
Auberge espagnole ? OK. Sans doute. Mais tout de même, y'a un fil narratif. Pas comme chez, par exemple, David Lynch. Je n'ai jamais "aimé" un film de Lynch (sauf Elephant Man), mais je me souviens de tous ses films. Comprend rien ! MAIS, il a le talent de vous faire voir ses films comme si c'était nos propres rêves, dénués de sens mais incroyablement vivants, évocateurs. Aucun sens, que des impressions.
Dans Caché, que des impressions, aucun sens, du moins, aucune indication qu'il faut comprendre le film comme ça au lieu de comme ci. Je comprends parfaitement les gens qui n'aiment pas, mais moi j'y ai pris mon pied.
Enregistrer un commentaire
<< Home