un cratère ouvert dans le silence
Parfois l’on ne sait ce qui empêche les phrases de venir se distribuer sur le blanc, on ne comprend pas pourquoi les cartes à faire déjouer les mots restent étourdies dans la manche, on ne peut que constater ; l’écriture et ses atouts semblent se noyer dans la paresse.
On traque alors une phrase, un petit rien, le vélo du soleil qui aurait un bâton de cannelle pris dans ses rayons, une musaraigne qui glisserait son museau entre l’écran et le clavier pour nous chuchoter une histoire ; mais non, tout se refuse, voilà que son plus sûr moyen d’expression n’a qu’une envie, flemmer.
On aimerait l’enflammer, on lui tend quelques perches, on étend l’oreille pour rebondir sur chaque ourlet de sonorité conciliante, on prend sa guitare de papier pour chanter sous la fenêtre de l’inspiration ; nada, niet, c’est comme un droit de veto qui continue de vous toiser gentiment.
On insiste, fouille encore un peu ; peine perdue, dégaine de perdu.
Alors juste dérouler ces vers d’Antonio José Forte, dans « Jour après jour amant du poète » :
un cratère ouvert dans le silence
pour engloutir toute la plainte de la terre
jusqu’à ce que l’homme soit nu
uma cratera aberta no silêncio
para engolir todo o pranto da terra
até o homen ficar nu
Et ceux-ci, dans « Poème » :
quel qu’ait été le lieu où tu courais
dans une rue aux portes ouvrant sur la mer
et où je mourais
pour t’entendre rêver
algum coisa onde tu corresses
numa rua com portas para o mar
e eu morresse
para ouvir-te sonhar
Libellés : Pensées vagabondes, Photos
2 Comments:
“ On prend sa guitare en papier pour chanter sous la fenêtre d’inspiration – nada , niet .”
Pourquoi ne pas prendre au lieu la magique balalaïka , que tu aimes, et tu sais combien elle est forte et comment elle arrive à toucher à l’âme ?
Elle
réussira à rompre la barrière et créera un magnifique flot de mots , une richesse , tant de ‘da, da’…
Nous savons que les mots ont une vie à eux , il faut les respecter , pour qu’ils nous respectent aussi .
C’est bien sonhar ...
RIEN A TRAQUER
Laisse aller la plume
Au gré de ses périples
Quand le vase est vide
Des désirs futiles
Et des volontés sérieuses
De dire ce qui ne peut l'être
Le grain fleurit de lui-même
Dans d'inépuisables sporaisons
D'incandescence arborée
Qui deviennent vaines formules
Suivant ce que les vieux en font
Comme dit malicieusement le poète
Enregistrer un commentaire
<< Home