katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

vendredi, octobre 01, 2010

esquisser des audaces




Ils sont quatre, assis invariablement sur un banc, au terminus du tram; trois sont chapeautés, « bérêtés », même; le quatrième pense probablement l'être également. Mais non. Ils parlent, parfois; il arrive que quelqu'un qu'ils connaissent les salue. La plupart du temps, ils sont là, simplement, me remémorant mon incompréhension, enfant, quand je voyais, pendant les vacances en Tunisie, des personnes âgées passer l'intégralité de leurs journées au même endroit. Nous partions à la plage, le matin, ils étaient là; nous revenions en début de soirée, ils n'avaient pas bougé.


Je leur fais signe en passant, ils s'installent pour un moment dans mes ruelles cérébrales, ils s'inscrivent dans l'arrière-saison de mes regards, peu importe mon angle de vue; ils se superposent aux propos de Michel Lusseau, un géographe, au sujet du travail photographique de Depardon, il dit qu'il a un œil éminemment politique, parce qu'il interroge le fait de « trouver place », un des plus décisifs dans une existence humain.


« [...] Nos vies sont tendues entre « je traverse » ou « je prends place ». Le travail de Depardon est dans cette tension. Tout en montrant les lieux où prendre place, il nous invite à l'expérience de la traversée. »




Il cite aussi Perec: « Vivre, c'est passer d'un espace à un autre en essayant de ne pas se cogner. »




J'avais envie d'aller voir « Miel » ou « Poetry », cette semaine. Je suis allé jusqu'au cinéma Utopia, je me suis posé sur un banc situé devant le bâtiment, j'ai sorti « L'homme seul » d'Atxaga – un moment que je voulais me frotter aux basques de ce Basque -, mais j'ai vite préféré suivre les aventures de deux petites filles qui, sur cette placette, s'inventaient un univers en mutation permanente, se mettaient à genoux pour tenter de converser avec des moineaux, parlaient à de sympathiques fantômes grâce à une cabine téléphonique que la plus audacieuse atteignait sur la pointe des pieds, escaladaient une statue.



Il faisait bien trop beau pour me planter devant un écran, alors je suis rentré chez Maud et Pablo, j'ai rêvassé sous le figuier, puis suis allé courir vers Bègles-lac, espérant retrouver les gosses avec qui j'avais tapé dans le ballon le jour d'avant. Mais personne, donc petite sieste dans l'herbe.


Dimanche dernier, l'Atlantique, aidé par ses intrépides choristes, les vagues, nous hélait; nous avons donc mis le cap à l'ouest, nous avons dévalisé quelques arbousiers, en passant.


A marée basse, on peut, cueillant quelques reflets, marcher dans des coins de ciel qui fredonnent une mosaïque sur le sable. On peut aussi se faire surprendre par l'Océan, quand il décide de tirer de nouveau la langue en direction des terres. Pas d'autres choix, alors, que de se « désaquer », histoire de sauver ses pantalons et ce qui alourdit ses poches.




Une déculottée, c'est d'ailleurs ce que l'on a mis à nos adversaires, hier soir, avec Peyo l'inclassable. On leur a déplié notre panoplie d'amoureux du futsal: petits ponts, sombreros, une/deux, frappes instantanées,...


Traverser; prendre place; tresser des murmures; esquisser des audaces.




Je serai dimanche en fin de journée à Pau, nous allons papoter avec vue sur les Pyrénées, Céline, Louis, Thomas et moi.


Puis, dans la nuit de jeudi à vendredi, ce sera Lisbonne.


J'en suis déjà tout chose.


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1 Comments:

Blogger Raphu said...

Tout lu!!! Ah c'était bien! Voilà c'est tout

04 octobre, 2010 20:15  

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