Journalisme et littérature
Hier j’ai reçu, fraîchement arrivée de Montréal, une superbe compilation musicale, chaque saison Benoît me fait ce présent absolument génial qui me permet de faire bon nombre de découvertes. Cette fois, il avait emballé le CD dans quelques pages de journaux, il s'agissait d'une chronique estivale de Pierre Foglia (« La Presse » de Montréal), parti sur les routes de l’Amérique à quelques jours du triste anniversaire du 11 septembre, les bagages plein de livres.
« […] On me dira qu’à parler de rien, on n’épuise pas le sujet. Si je vous dis que je trouve ce rien essentiel, allez-vous penser que je défends ma boutique ? Je défends surtout cette idée qui m’habite depuis toujours que l’information a besoin de la littérature, en particulier de cette littérature du rien, de l’infime, du non-événement, cette littérature à « l’américaine », Harrison, Updike, Bukowski, Ford, Carver, pour faire le lien avec … avec la vie des gens.
Un journal est fait de nouvelles, une nouvelle arrive c’est facile. La vie, c’est plus compliqué, elle arrive pas, elle est là. »
La presse écrite a, incontestablement, une place particulière dans mon quotidien, lorsque je peux, je prends volontiers deux heures ou plus pour feuilleter les journaux qui se trouvent à portée de mains. Il ne s’agit pas, loin s’en faut, d’une volonté d’être au courant de tout et de pouvoir participer aux discussions inévitables sur les sujets chauds du moment, mais plutôt d’une curiosité se rapportant à la manière dont est traitée cette information jugée essentielle par tout un chacun (sans qu’une petite discussion ne permette d’éclaircir de manière satisfaisante le pourquoi du comment).
« Il faut savoir ça, parce que l’on ne peut pas rester enfermé dans sa petite bulle, il faut savoir ce qui se passe, surtout les catastrophes à l’autre bout du monde ».
Très bien mais encore ?!?
Je pense depuis longtemps qu’une personne ayant pleinement assimilé et actualisé cette fameuse phrase ridicule, servie à toutes les sauces par les parents lorsque leur enfant ne termine pas son assiette : « Tu sais qu’il y a des enfants qui meurent de faim ? », ne pourrait pas se sentir véritablement stressé par son travail, ses examens,… Mais je constate tous les jours que ce n’est pas aussi évident que cela. Je vais donc continuer à me dire que j’ai de la chance.
Bon, il s’agit d’un sujet sur lequel je pourrais disserter encore bien longtemps, je pense que, comme Foglia, j’accompagnerais alors mon propos de beaucoup d’extraits de ces ouvrages qui ont enrichi mon existence, mais cela n’aurait plus sa place ici.
J’aimerais juste terminer en vous invitant, lorsque vous prenez nonchalamment un de ces amas de papiers toilettes gratuits qui pullulent depuis peu dans des caissettes près des gares (peut-être bientôt dans les universités, vive nos têtes pensantes !), à relire les quelques lignes de ce chroniqueur que je ne connaissais pas hier mais qui, malheureusement, ainsi que de nombreux brillants éditorialistes, ne pourra plus faire parler sa plume le jour où l’information WC aura pris le dessus.
Libellés : Littérature
3 Comments:
Vient me le dire en face que les quotidiens gratuits, c'est du papier WC!?!?!?!!!!?
Face de Tchoup!!
Quel joyeux petit sifflotin tu fais avec ce post... Ha finau!!
Mais qu'y a-t-il sur la compilation de Benoit ? J'espère que tu nous feras bientôt partager quelques découvertes...
vous êtes habile de votre " plume ", je suis toujours subjuguée pas la manière dont tu arrives à nous faire part de tes pensées ou autres...
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