katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

lundi, décembre 25, 2006

Supplément Livres de Libération jeudi, un article très intéressant sur Lionel Naccache qui publie « Le Nouvel Inconscient. Freud, Christophe Colomb des neurosciences », l’article de Natalie Levisalles est accompagné d’un entretien avec le neurobiologiste en question, je ne me prive pas du plaisir de vous en copier les dernières phrases :

« […] On peut se dire : on manipule des fictions, on y croit, elles guident notre vie, et, en même temps, elles sont illusoires, ce sont de faits de croyances. Et pourtant, du fait même qu’on y adhère, ces fictions nous permettent de gouverner des comportements, des décisions. Peut-être que notre seul ressort de liberté, c’est ça, cette illusion première. Notre liberté est quelque chose d’infime, mais c’est là qu’elle se joue, sur une illusion qui nous donne une toute petite marge de manœuvre. Cela relativise la notion de liberté, et pourtant, cette part de fiction est la source même de notre liberté ».

Bien sûr que, pour rejoindre mon post précédent, cette vérité est exploitée à l’extrême par l’écrivain, mais ce n’est pas cela qui m’a interpellé.

Ce qui m’a étonné, c’est que, si j’en crois l’article, considérer que Freud n’a pas découvert l’inconscient mais le conscient, que la psychanalyse représente « la place centrale de la fiction dans notre économie psychique », constitue une grande première, la mise en avant de « choses qui étaient sous le nez de tous – psychanalystes et neuroscientifiques -, et que personne n’avait vue avant lui, en tout cas pas aussi explicitement ».

Ah bon ?!? Eh bien moi j’aimerais rendre à Gary ce qui est à Gary, j’aimerais que ces personnes, et bien d’autres avec, prennent le temps, et le plaisir, de lire « Pour Sganarelle », un essai qu’il a écrit dans les années 60.

Cet écrit avait été un flop retentissant, il y attaquait, pêle-mêle, le Nouveau Roman, Sartre, la « naïveté » de St-Exupéry,… et il y exposait clairement sa définition de la psychanalyse, discipline qu’il n’a eu de cesse d’attaquer, en tout cas la toute puissance qui lui était accordée à l’époque, dans presque tous ses écrits.

Ses propos ressemblent, me semble-t-il, beaucoup à ceux de Naccache…


Voici deux extraits, je vous laisse retrouver qui a écrit quoi :

« Vu sous cet angle, le travail de la psychanalyse est un travail sur les fictions : on les recueille, on y fait attention et on essaye d’aider l’analysant à utiliser ses ressources fictionnelles pour retrouver d’avantage de liberté dans ses actions et pensées. »

« Lorsque le sujet se reconnaît dans le « personnage » de l’œuvre psychanalytique, lorsqu’il trouve en lui sa forme et qu’il peut ainsi se situer dans une logique, une « explication » intérieure à l’œuvre, mais qui entraînent entièrement sa conviction, la « guérison » s’effectue : le sujet sort de son magma informe et douloureux pour accéder à la lumière d’une réalisation. »

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1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

AHHHHHHHH YES !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
J'acheve le Mireille Sacotte sur La promesse de l'aube en Foliotheque et j'ai, de memoire, cite ces memes passages dans les marges, tellement la foutue "grille" normative de lecture me fait hurler. La psychanalyse est une creation artistique, et NON SCIENTIFIQUE !!!!! La psychanalyse comme fiction intervenant sur le reel, il faudrait enfin que quelques lumieres s'allument non ?????
Etonnnant que le 25 decembre au matin, on se soit pris a lire des trucs semblables....
Tu devrais envoyer ton texte au journaliste de Libe.
Pardon pour les accents manquants, clavier anglo oblige, from Toronto,
Benito

25 décembre, 2006 21:43  

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