katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

jeudi, juin 14, 2007

Le train s’est arrêté, terminus, la personne assise devant moi se lève, se tourne, ce qui me permet de lire le nom inscrit sur le verso de son maillot.

Makélélé.

Je souris, ce nom me fait, depuis deux jours, penser à Béatrice.

Elle a, dans son sac à main, une photo de la panthère Noémie Lenoir.

Elle l’a trouvée superbe, a aimé le rayonnement offert par ses cheveux courts éclaircis, alors elle a découpé ce visage découvert dans un magazine, sans savoir de qui il s’agissait.

Un geste rendant à la Beauté l’anonymat qui lui sied si bien.

« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque, à te regarder, ils s’habitueront. »

Il y a quelques jours, une personne que j’aime beaucoup m’a envoyé ces mots de Char, elle a, depuis, appris qu’elle avait réussi ses examens finaux.

Elle est libraire, libre d’errer, livres en main et soleil dans les yeux, pour continuer de transmettre ces livres qui brûlent cœurs et âmes.

« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil »

Char encore.

Hier soir, 18h30, Tzvetan Todorov était dans l’auditoire B de l’Université de Fribourg, il inaugurait un cycle de conférence traitant de la place de la tradition.

Il a fait une brève histoire de la littérature, dénonçant la manière dont cette dernière est enseignée depuis des années, se concentrant sur la forme et trop peu sur le fond.

Négligeant de mettre en avant ce qui, dans les livres, peut sauver, plutôt que ce qui, très vite, fait sauter au plafond l’élève par son caractère scolaire ou académique.

Il a mentionné l’exemple de J. S. Mill qui, à vingt ans, a vécu une terrible dépression, a essayé de mettre fin à ses jours et a été littéralement sauvé par la découverte de vers de Woodsworth.

Voir qu’il était possible de décrire ce qu’il ressentait de manière aussi superbe l’a réconcilié avec la vie.

La Beauté, encore.

Autour de moi, pas mal d’élèves appliqués et de professeurs distingués qui prenaient des notes avec avidité. Envie de me lever et de crier qu’il y a des choses qu’il faut noter dans sa poitrine, pas sur le papier.

Mais, une fois encore, apprendre plutôt que comprendre.

Je suis resté sagement assis, je crois que je n’ai même pas secoué la tête, je deviens tolérant, bravo Karim.

Cette exemple de Todorov m’a de nouveau rempli la tête de réflexions autour du hip-hop, de son potentiel salutaire et salvateur mal exploité, détournement de ses valeurs fondamentales qui profite à un marché juteux et occasionne une débauche d’images indécentes et ridicules.

Heureux donc de découvrir le message de Denise après son écoute de « La gravité ».

Un commentaire qui se profilait comme une confirmation, et comme une motivation.

J’ai acheté il y a peu le CD de Souleymane Diamanka, un copain de Grand Corps Malade dont les mots ensablés scintillent au loin.

« Les poètes se cachent pour écrire », slamme-t-il.

Puissions-nous les voir un peu plus mis en valeur lorsqu’ils sortent de leurs tanières de papier.

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2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

merci pour le clin d'oeil de libr'air à libraire... Je t'adore.. Cél

14 juin, 2007 18:22  
Anonymous Anonyme said...

C'est bien joli de citer Souleymane Diamanka, mais t'oublies pas quelque chose ?? Bonzaïïïïï !!!?!?

15 juin, 2007 13:30  

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