katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

dimanche, décembre 02, 2007

Poisseux Noël

Un étrange écho de gris s’est emparé du ciel, les morceaux de tissus qui maquillent ma nudité accompagnent mes pas dans une quête de feu, sur ordre de ma théière, qui me traîne jusqu’aux portes de mes voisins. Personne. Seule PJ Harvey rythme mon errance dominicale. Je retourne alors près de la fenêtre, m’étant tout d’abord amoureusement emparé d’un livre de Pascal Quignard, un de mes compagnons de solitude préféré. Un des rares membres de ma famille recomposée que je ne peux pas lire n’importe où.

Sa voix, feutrée, et son regard, crépusculaire, requièrent une alcôve de sérénité.

« Ceux qui aiment ardemment les livres constituent, sans qu’ils le sachent, la seule société secrète exceptionnellement individualisée. La curiosité de tout et une dissociation sans âge les rassemblent sans qu’ils ne se rencontrent jamais. »

Un thé en voie de refroidissement réjouit mon palais, quelques épices viennent se joindre à ce ballet de douceur.

« Leurs choix ne correspondent pas à ceux des éditeurs, c’est-à-dire du marché. Ni à ceux des professeurs, c’est-à-dire du code. Ni à ceux des historiens, c’est-à-dire du pouvoir. »

Cette semaine, j’ai commencé, chez Fahrenheit, ma participation à la chaîne de dessillement des paupières. Grâce à cinq heureux francs, j’invite les lecteurs à se procurer « Les fourmis de la gare de Berne », petite nouvelle de Bernard Comment qui, réfléchissant sur notre billet de mille francs, le bout de papier le plus précieux du monde, montre l’eugénisme latent du culte de l’excellence et de la productivité que l’on nous fait gober.

Fermer les yeux, encore un peu d’épinards « bio », une morce de série B, une lampée de journaux gratuits. Vous avez gagné un écran plat.

« Ils ne respectent pas le goût des autres. Ils vont se loger plutôt dans les interstices et les replis, la solitude, les oublis, les confins du temps, les mœurs passionnées, les zones d’ombre, les bois des cerfs, les coupe-papier en ivoire. »

Monnaie fiduciaire. Se basant sur la confiance accordé à celui qui l’émet.

Ce sont des souvenirs des cours d’histoire du gymnase, le terme de confiance m’avait déjà semblé impropre. Aujourd’hui je le trouve franchement sale.

« Ils forment à eux seuls une bibliothèque de vies brèves mais nombreuses. Ils s’entre-lisent dans le silence, à la lueur des chandelles, dans le recoin de leur bibliothèque tandis que la classe des guerriers s’entre-tue avec fracas sur les champs de bataille et que celle des marchands s’entre-dévore en criaillant dans la lumière tombant à plomb sur les places des bourgs ou sur la surface des écrans gris, rectangulaires et fascinants qui se sont substitués à ces places. »

Il est bientôt temps de se gaver pour célébrer la naissance du Christ. En attendant le grand jour, il faut jouer des coudes et vider son porte-monnaie pour prendre place dans le ménage et sur le manège. Tourner le plus vite possible, histoire de ne pas réfléchir à tout ça. Ou quand la gestion douloureuse du foie, gras de préférence, permet d’éloigner la question de la foi.

Même pas besoin de dinde pour vomir.

Libellés :

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Joyeux Noël...
Marie Cherrier:
http://www.paroles.net/chansons/54568.htm

Pourtant il suffit parfois de regarder ailleurs...pour voir des étincelles de bonheur...

...hop...un grand-maman et sa petite fille...histoire qui se déroule lentement... devant la cahute d'un marchand... de marrons ambulant(s)...

03 décembre, 2007 08:08  
Anonymous Anonyme said...

J'ai toujours étée fascinée par la fin du film de François Truffaut Fahrenheit 451, où on retrouve une communauté, en dehors de la "ville", de gens qui ont appris par cœur des livres, et qui apprennent ces mêmes livres aux autres… je me demande quel livre je pourrais « être » et si vraiment j’aurais le courage de le faire ; peut être je devrais le faire pour échapper au Noël et à tous mes souvenirs-cauchemar de mes Noëls de l’enfance ! Ou peut être on devrait tous le faire pour échapper à l’idée qu’il y a des règlements, des lois, des institutions qui peuvent nous soigner du vide, de l’infini, de l’éternité, de la mort, de l’espoir, de la médiocrité.
Parfois j’écris les textes des poètes pour pouvoir moi aussi dire des choses aussi belles.

Je ne sais pas si mon message sonne un peu pessimiste, car je ne me sens pas du tout mal !, ni si je me suis trop éloignée du thème… pardon !

Becs

Gabriella (qui fait des fautes de Français)

04 décembre, 2007 13:15  
Anonymous Anonyme said...

No comment... ça marche aussi pour faire siffloter les collègues ;-)

06 décembre, 2007 14:08  

Enregistrer un commentaire

<< Home