katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

dimanche, décembre 09, 2007

Tête à lac

Cet après-midi, des instantanés d’insouciance ont défilé devant mes yeux alors que mes pas s’empierraient sur les rives du lac.

Je me revoyais d’une altitude d’une petite douzaine d’années, un ballon sous le bras et des rêves alors bien plus en phase avec ceux que d’autres faisaient pour moi. Une facilité sur les bancs de l’école qui semblaient me promettre aux ambitions les plus folles.

Pourtant, malgré une conduite exemplaire (que je voulais et revendiquais telle) je me souviens d’avoir demandé un jour à ma maman si elle se rendait compte que je pleurais presque tous les jours. Ce qui était vrai.

Uniquement pour des futilités et des caprices d’enfant, c’est certain, mais le fait est que, dès qu’une contrariété se présentait, on ne pouvait plus m’arrêter, une impressionnante fontaine asthmatique.

Tu veux une baffe pour savoir pourquoi tu pleures ?

Cet après-midi, des instants ânés de médisances ont filé devant mes yeux alors que mes pas empiraient sur les rives du lac.

Puis, lorsque mon grand-papa s’en est allé, le monde m’a rattrapé. De modèles à suivre absolument, les adultes qui m’entouraient sont devenus des personnages étranges et étrangers que, comme Brel, je regardais de loin en me demandant s’ils étaient imbéciles seulement avec les enfants, ou s’ils étaient imbéciles tout court. J’ai vite répondu.

Ayant élucidé ce mystère, je décidais de faire mon possible pour ne plus pleurer. L’incohérence et l’inconsistance des grandes personnes ne valaient pas la peine que je me mette dans cet état pour eux.

Je me suis alors mué en cynique taquin, pour le désespoir de ma grande sœur. C’était plus fort que moi.

Tu veux une baffe pour arrêter de te marrer ?

Dimanche, en fin d’après-midi, un instinct d’aîné bienveillant s’est faufilé devant mes yeux alors que mes pas respiraient la dérive du lac.

Le vent et la pluie investissent mes yeux, me donnant l’illusion rafraîchissante de n’être pas entièrement asséché en mon faible intérieur, me faisant croire que ma plume n’est pas seule capable de larmoyer. Larmes royales. Lame loyale.

Tout ce qui me maintient debout, quelques amis, course à pied, littérature, musique, amour de la solitude et de la nature, amour de la solitude et de la nature, littérature, musique, course à pied, quelques amis, comment le glisser dans la poche des jeunes (j’ai l’impression d’avoir, en alternance, 5 ou 95 ans, mais je me sens loin, tellement loin, de la tranche 15-30 ans) que je croise ?

Tu veux une baffe pour arrêter de te la raconter ?

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6 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Pas d'bol si t'as 5 ou 95ans tu as une probabilité de quasi 100% de faire partie des gens que j'aime ;-)...
Heureusement, si l'on en reste à des questions statistiques, et de chiffes (les seules choses tangibles, les seules choses qui comptent...pfff) alors entre 5 et 95, tout n'est pas perdu...
Hier soir terminé Chien Blanc dans mon hamac... ce livre m'a fait beaucoup rire, parce que "c'est ça", souvent, entre 5 et 95 ans… alors grrr, ou juste accepter le cœur léger… et c'est ok, yaka adopter un regard qui n'envoie pas les images au coeur mais au cerveau dans une zone d'analyse, de traitement de l'info ou de recyclage… et hop, on passe à autre chose...
Sauf que...2 paragraphes...oh, probablement que leurs mots sont arrivés l'air de rien dans une zone de sensibilité (sensiblerie diront certains ;-))...et c'est au coeur qu'ils ont étés redirigés...ou aux glandes lacrymales....(toute cette biologie permet de garder une distance convenable, vive la science ;-)...et la génétique mais je m'égare )...
Ouf c'était la fin du livre...mais mince de mine Gary, fait gaffe à ce que tu écris ;-)...

[peut-être devrais-je apprendre ces passages par coeur, comme pour Garcin et ses propos dans le matricule... y'a pas photo quand les mots, les phrases génèrent une émotion brute et intense...alors j'en perds totalement les miens...pfff...c'est fou et c'est génial...donc à part citer qui peut éventuellement aider... je ne vois pas comment déméler tout cela...et même un extrait ne dit rien non plus car l'émotion chez celui qui lit sera différente...et yououou, y'a plus rien de scientifique là-dedans...quoi que...mais c'est un autre débat...de (neuro-)biologiste ;-) ou d'épistémologie ou sur la question de l'empirisme ou… (..ou…ou… ou… ou ou ouou…(de Pamplemousse ;-) )…donc débat au pluriel…yououou, j'adore ;-)… )

10 décembre, 2007 08:38  
Anonymous Anonyme said...

"Tu veux une baffe pour arrêter de te marrer ?"

Tetcheu c'est pas peu dire qu'on en chierai des masses si on se prenait une claque à chaque franche rigolade !!

10 décembre, 2007 15:07  
Blogger Alexandre said...

Qu'est devenu cette fleur d'enfance dans la vie adulte, est-elle cachée ou simplement effacée?

J'admire ta manière de mêler d'inombrables petites anecdotes dans si peu de ligne, ce qui fait de ce texte un condensé de beauté. Exemplaire!

Alela Diane nous attend déjà!

A tout bientôt!

10 décembre, 2007 20:07  
Anonymous Anonyme said...

Mais merde....ne sachant plus très bien quel site visiter en cette heure avancée où une obligation (stupide soit dit en passant) de rester au bureau pour une permanence inutile me scotche devant mon écran...je viens re-visiter ce fameux blog après, il est vrai, plusieurs semaines d'infidélité !!!
Et quel n'est pas mon plaisir...quand je peux lire, et donc en déduire, que l'air fribourgeois n'a pas altéré ton esprit littéraire...Pfiou l'air de Grandson développe le mien on dirait !
Bref...j'espère faire partie des "quelques amis" cités dans ce chapitre...et surtout j'espère qu'on va se revoir avant la fin de l'année...que je puisse te faire un immense bec pour les fêtes !

Bien à vous cher Katch...

Gandus...

11 décembre, 2007 18:49  
Anonymous Anonyme said...

"j'ai vu des camarades fauchés agoniser à cô0té de moi, mais lorsque je voudrai me rappeler ce que peut être une expression de désespoir, d'incompréhension et de souffrance, c'est dans ce regard de chien que j'irai chercher."

"Il courait à travers la ville (...) Il y avait dans ses yeux toute l'incompréhension et toute la détresse du croyant que son Dieu d'amour a trahi. Au coin de la Cienega et de Santa Monica, la voiture de police du sergent John L. Sallem chercha à l'écraser, mais le manqua. (...)
Je l'ai trouvé dans les bras de Jean, vingt minutes plus tard. Il n'y avait pas trace de blessures sur son coprs. Il s'était roulé en boule devant notre porte et il était mort."

Alors...alors...Gary n'en reste pourtant pas là...espoir invincible?...

"Il y avait cependant des moments crépusculaires où des pensées se reformaient dans ma thête, et aussitôt se mettait à triompher de moi cet espoir invincible qui me pousse à voir dans toutes nos batailles perdues le prix de nos victoires futures.
Je ne suis pas découragé. Mais mon amour excessif de la vie rend mes rapports avec elle très difficiles, comme il est difficile d'aimer une femme que l'on ne peut ni aider, ni changer, ni quitter"

"Elle sourit. Je souris, moi aussi. La facilité...
mais c'est un tel soulagement de pouvoir enfin respecter quelqu'un...
-J'attends simplement de savoir dans quelle ville, pour être près de lui. J'ai droit à deux visites par semain...
Nigger-lover."

...

12 décembre, 2007 20:21  
Anonymous Anonyme said...

dans les rues du dimanche,

les arbres se promènent



moi

17 décembre, 2007 13:41  

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