katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

samedi, mars 15, 2008

Aux âmes citoyens!

« Faire une expérience et tenter de se révéler : pour l’écrivain, il s’agit de concilier ces deux ambitions. »

Je ne sais jamais si c’est le battement de leurs ailes, leur manière de s’ébrouer en sortant de la rivière ou la partition azurée qu’ils m’offrent pendant que mes songes se déploient, mais je suis chaque matin infiniment heureux de sentir le ballet somptueux des oiseaux qui m’invitent à ouvrir les yeux de bonne heure.

Je dépose alors une échelle sur l’arbre de pages qui m’accompagnent partout, je monte doucement, prenant le temps de goûter tout ce qui se présente. Puis je cueille les mots les plus fruités pour venir les déposer dans la corbeille en osier qui chante près de votre porte, se réjouissant de vous accompagner au marché.

Jusqu’au stand des phrases qui apaisent.

« Tout l’art est de faire en sorte que l’âme se saisisse dans le plaisir de vivre. »

Hier après-midi, alors que je rentrais chez-moi, j’ai croisé une personne à qui j’avais dit en souriant, lorsqu’elle m’avait confié ne pas avoir aimé « La vie devant soi », que nous n’allions pas nous entendre. Il est difficile de mesurer l’ampleur que peuvent prendre certaines paroles dans la partie secrète de nos têtes.

En l’occurrence, je me suis vite rendu compte que mon affirmation amusée l’avait beaucoup peinée. Elle s’était sentie jugée sur une lecture, ce qu’elle trouvait terriblement triste. Elle m’a dit que je ne pouvais pas le savoir, mais qu’elle était une « éponge à émotions ». La profonde tristesse qui se lisait dans ses yeux a fondu jusque dans les miens. Je l’ai serrée dans mes bras en lui demandant de bien vouloir m’excuser, je n’avais pas du tout eu l’intention de la blesser, mais.

La curiosité qui enveloppe l’élan de mes jours s’attache à débusquer, imiter et limiter ces « mais », mais.

« Tout l’art est de faire en sorte que l’âme se saisisse dans le plaisir de vivre. »

Nietsche a affirmé, faisant référence à Montaigne : « Qu’un tel homme ait écrit, véritablement la joie de vivre sur terre s’en trouve augmentée. »

On m’a demandé dernièrement quel est mon souhait le plus cher.

Que de nombreuses personnes, remplaçant « écrit » par « été », puisque je ne conçois pas d’écriture « vraie » qui s’éloigne d’une manière de s’offrir au monde, appliquent cette affirmation au saltimbanque des rivières que je m’efforce d’être.

« Tout l’art est de faire en sorte que l’âme se saisisse dans le plaisir de vivre. »

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