katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mardi, février 12, 2008

L'élan absurde du monde

« Pour qu’une pensée s’engage dans le réel, il ne faut pas ni ne saurait suffire qu’elle se soumette à des réalités dont elle ignore ou répudie la loi interne : la tactique d’un parti, par exemple. Ce n’est pas dans l’utilisation accidentelle et partisane d’une pensée que réside son engagement. C’est au contraire, dans sa démarche intime, dans son élan premier, dans sa prise sur le réel et dans sa volonté de le transformer. S’engager, ce n’est pas se mettre en location. Ce n’est pas « prêter » son nom ou son autorité. Ce n’est pas signer ici plutôt que là. Ce n’est pas passer de l’esclavage d’une mode à celui d’une tactique politique. Ce n’est pas du tout devenir esclave d’une doctrine, mais au contraire, c’est se libérer et assumer les risques de sa liberté. »

Denis de Rougemont


Bien que fort peu porté aux déambulations festives, je me suis, la nuit de dimanche à lundi, laissé entraîner par l’idée de découvrir le fameux Morgenstreich bâlois. Le défilé de lanternes commençant à 4h du matin, nous sommes, en attendant, allés boire quelques verres dans une ancienne caserne « alternativée ».

Les cafés améliorés aidant, Sergio et moi nous sommes laissés aller à échanger quelques théories sur nos visions respectives du monde, notamment de l’enseignement et de la politique.

J’ai été sommé de répondre du toupet qui avait été le mien, voici quelques mois, lorsque j’avais exprimé en ce lieu à quel point je me sentais peu représenté par les candidats affichant leurs sourires forcés à tous les coins de rue. Qu’ils soient à droite, à gauche ou au centre.

Agissant comme cela, invitant même à ne pas voter ou voter blanc, je fais le jeu des grands méchants nationalistes. Ce qui n’est pas complètement faux.

Je lui disais que j’avais de la peine à opter pour le « moins pire », que je me sentais plus « utile », plus proche de ce qui me brûle les yeux et le coeur en écrivant et en discutant avec les personnes très différentes que je croise, plutôt qu’en allant manifester pour dire que ce Blocher, décidément, il est vraiment trop con.

Cette manière de m’enfermer dans des principes « idéaux », d’après Sergio, est du même tonneau que ma volonté farouche de ne pas rentrer dans le système éducatif, elle limite grandement la portée de mes convictions. Ce qui n’est pas complètement faux non plus.

D’ailleurs, pourquoi je ne vis pas dans un squat avec des punks si la société est si terrible ?

Il me semble qu’il y a une immense marge de manœuvre sans en arriver là, je crois farouchement qu’il y a une énorme différence entre se mettre complètement « hors jeu » d’un système, ce qui revient à se punir pour quelque chose que l’on a pas choisi, ou ne pas cautionner ce système, en entendant par cautionner aussi bien refuser de réfléchir qu’accepter d’occuper une place à un échelon supérieur de la mascarade, de rentrer dans la valse du pouvoir sur autrui, quel qu’il soit.

J’ai toujours été un élève plutôt tranquille, avec un fort esprit de contradiction, mais toujours très courtois, je n’ai jamais appartenu à aucun parti ou syndicat, mais je veux croire que je me sentirai toujours du côté de l’étudiant puni ou de l’ouvrier exploité, pas de celui qui œuvre « au-dessus », enseignant ou patron, aussi « juste » soit-il.

Aucune heure officielle ne peut remplacer les secondes de fraîcheur d’un échange inscrit dans le respect de l’élan absurde du monde.

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4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

L'argument prétendant que ne pas voter, voter blanc ou non valable, etc. fait le jeu des nationalistes est totalement bidon et à côté de la plaque, car il fait également le jeu des radicaux, socialistes et consorts. Est-ce que ceux-ci sont "moins pires" que les nationaleux ? À voir, quand on on étudie de près certaines lois que les pseudo-socialistes ont fait voter...

La question est de savoir si l'on veut réellement déléguer son pouvoir à des larbins du capitalisme, car la politique réformisme ne mène à aucun changement véritable pour une société plus équitable. Ça fait depuis combien de temps que les socialistes luttent ? Pour quel résultat ? Des amélioration ? Oui l'adoucissement du système capitaliste par-ci, par-là. Autant n'en pas parler.

Agir ou lieu d'élire comme disent les camarades anars.

12 février, 2008 22:13  
Blogger Alexandre said...

Adieu comment te portes-tu?

Ce Morgenstreich t'as plu, parce que moi l'année passé j'ai trouvé génial!

15 février, 2008 00:08  
Anonymous Anonyme said...

voilà encore une chose que j'aimerai voir une fois,le morgenstreich! contrairement à toi me lever a 4h du mat est difficile,mais je vais y penser sérieusement (pour une autre année).Plutôt que de parler politique,sujet qui ne m'interresse pas vraiment je l'avoue,raconte nous cette tradition bâloise et ce que tu en a pensé aprés y avoir assisté avec Sergio que je salue en tant que collégue et amie de mon neveu préfèrè.biz TARATATA

16 février, 2008 00:01  
Blogger Petchal said...

Impose ton Karkenuff Style!!! Ni bourgeois, ni punk, reste dans tes pensées.

Bon plaisir le petit souper samedi, merci aux hôtesses.

18 février, 2008 18:26  

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