katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mardi, janvier 08, 2008

Chasse à l'âme

Le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne suis pas un spécialiste en aménagement du territoire (d’aucun diront sans doute qu’il suffit d’avoir vécu avec moi pour s’en rendre compte…), cela ne m’a pas empêché, dimanche, de vivre un moment très particulier quand Samia m’a amené dans une zone (quatre lettres - pas mieux – encore que – nase ? – fait l’affaire également) que je ne connaissais pas.

Le nouveau « Paris Rive Gauche » qui s’est construit autour de la Bibliothèque François Mitterrand (ce qui est certain, c’est que n’ayant jamais pleinement compris l’appellation « socialisme à visage humain », je sais un peu mieux ce que ce n’est pas. Vive les définitions négatives.).

J’ai failli écrire « qui a poussé » au lieu de « qui s’est construit », mais je me suis vite ravisé, parce que s’il y a bien un endroit où il faut insister sur l’absence de processus naturel (Comment ! Mais est-ce que tu n’as pas fait attention à ces arbres magnifiques ! Si si, impossible de les louper, c’était la première fois que je voyais un aussi efficace camp de concentration pour végétation. Depuis le temps que l’on sait qu’il faut arrêter de se laisser bouffer par ces buissons, on se donne enfin les moyens d’y parvenir sur le très long terme. On réussit même à se convaincre d’un possible absence de terme. ) c’est ici.

Au milieu de ces rues policées (que des génies ès Connerie ont tout de même réussi à appeler, entre autres : Marguerite Duras, Primo Levi, Thomas Mann,… Véridique.), se dresse une ancienne gare frigorifique (http://www.les-frigos.com/) devenue le repère d’artistes qui se sont mobilisés pour que le lieu ne soit pas détruit.

C’est fou, ce bâtiment qui ne devait à l’époque pas inspiré grand chose de « positif » est devenu la dernière possibilité d’une âme dans cet îlot futuriste.

Ou quand, aux balbutiements de l’industrie, l’impossibilité de l’Homme n’était pas encore pleinement effective.

Quand l’existence de cycles, avec vieillissement (beurkh) et tout et tout, n’était pas considérée comme un défi à la science.

Quand la mort habitait la vie sans que l’on veuille déménager.

Entendons-nous bien, je n’ai pas envie de tomber dans un « c’était mieux avant », parce que ce n’était pas mieux, c’était même souvent bien pire, mais, ce qui ne cessera jamais de m’interpeller, c’était envisageable.

Je mets en gras, oui, et j’insiste encore sur le terme de visage, en écho au corps qu’il suppose. Pas une enveloppe virtuelle, un corps avec rides, poils, ces trucs dégueulasses qu’un commerce vous propose de faire disparaître tous les dix mètres.

C’était envisageable.

C’est triste à dire, c’est même sans doute affreux d’indécence vu où je suis, mais, quand j’entends l’horreur en Côte d’Ivoire, au Pakistan, en Colombie, et j’en passe, je vois la volonté de puissance de l’humain dans toute son inhumanité, je vois Dieu et le Diable qui dansent leur détestable valse.

Mais je vois surtout des visages, des visages qui hurlent, pleurent, se déchirent, des visages qui vivent et qui meurent. Des visages qui existent.

Par ici, souvent, je ne vois même plus de masques.

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2 Comments:

Blogger Unknown said...

Avec les douces notes de Fink en filigrane...pour mettre un peu de pommade sur la douleur du monde...caché sous (un truc qu’on met sur le visage pour le faire tout lisse…mmm…mince de mine ‘l est où c’mot…grrr…bon si je lui montre mes crocs ça va le faire définitivement déguerpir .. méthode douce…du, du, du…ah voilà…ouf) une couche de fond de teint….
...
la disparition des visages...et des sourires sur les visages...

la disparition du toucher aussi, à Cuba les gens se touchent encore et rient, une main sur l'épaule un détail, un regard échangé...
Sûr Cuba au quotidien c'est pas mieux qu'ici (miam lire Zoé Valdès ;-) )...mais...pourtant...
...pourtant à Vinialès...Louisa, chez qui nous avons loué une chambre...son accueil, l'attention qu'elle porte à chacun... je ne sais pas..non, c'est pas mieux là bas au quotidien, pourtant...;-)...l’essentiel… ?... !... ?...

11 janvier, 2008 18:48  
Blogger Alexandre said...

"C’est triste à dire, c’est même sans doute affreux d’indécence vu où je suis, mais, quand j’entends l’horreur en Côte d’Ivoire, au Pakistan, en Colombie, et j’en passe, je vois la volonté de puissance de l’humain dans toute son inhumanité, je vois Dieu et le Diable qui dansent leur détestable valse."

L'humain veut prouver qu'il est le plus puissant dans toutes les situations. C'est vrai que c'est triste.

À plus my man!

13 janvier, 2008 21:07  

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