katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mardi, janvier 01, 2008

Et si, du Nouvel An, nous ne gardions que l'élan

C’est en partie mû par cette parcelle intérieure qui fait de moi un entêté de solitude que j’ai décidé hier, peu avant midi, de me dérober aux différentes invitations en suspens pour leur préférer une escapade à Lugano. Un hôtel surplombant le lac sacrifiait ses prix habituels pour compléter ses chambrées, se présentant ainsi comme une belle occasion de traverser dans un cadre somptueux, débarrassé d’un vacarme irraisonné, cette nuit que nos calendriers recouvrent d’une aura particulière.

La brève escale que j’effectuais à Zürich, les quelques pas que je risquais dans et hors de la gare confirmaient mon envie de réfléchir loin du brouhaha, loin de ce mouvement perpétuel qui semble avoir investi l’enclos urbain.

J’arrivais en début de soirée, inscrivais « lecteur » sous profession, parce qu’ainsi je (me) v(o)is.

L’heure était trop avancée pour que je profite de la vue, je me contentais de la nuée de lucioles électriques qui remplissaient la vallée, ne pouvant m’empêcher de pester intérieurement contre cet état de fait, contre ces tas d’effets déversés par la chose industrielle.

Différents souvenirs liés au Tessin s’amusaient derrière mon sourire contrarié : tentative de nuitée sous un toboggan avec un ami footballeur qui « pèse » aujourd’hui plusieurs millions d’Euros, ascension improvisée d’un sentier inexistant avec sieur Gandus, progression pierre par pierre dans la Maggia, sous un soleil de plomb, avec Raoul et Sergio,…

Alors que j’étais assis dans la salle à manger, mon regard, absorbé par la cheminée, quittait brièvement les flammes des yeux pour enjoindre l’enfant situé à la table à côté de lancer son assiette sur les pantalons du serveur qui s’adressait à lui comme à un demeuré ; mais je devais me résoudre à constater l’absence de persuasion de mes haussements de sourcils et des hochements de cet élément en constante mutation que plusieurs de mes proches, au vu de ma grande distraction, sont certains de me voir oublier un jour.

Cependant pour l’heure, stimulée par mes lectures déstabilisantes de l’après-midi, « La convivialité » d’Ivan Illich, « L’ami lointain » de Cioran et quelques poèmes, cette dernière semblait bien attachée à mes épaules.

Malgré cette agitation intérieure, je m’endormais et me levais tôt, me réjouissant d’assister à la montée en douceur du jour depuis cet endroit privilégié.

Mon enthousiasme n’était pas déçu, même si la lumière venait confirmer mon impression de la veille, la machine, comme souvent, a consciencieusement miné le vert partout où cela s’est avéré possible.

Après un copieux petit déjeuner, je m’immisçais dans la forêt avoisinante pour m’acoquiner avec les arbres et confirmer l’appellation d’origine incontrôlable : « homme des bois », que m’accole la personne avec l’accent vaudois le plus puissant que je connaisse.

Ma ballade matinale, une fois mon sac récupéré, se prolongeait dans le charmant village de Cademario qui, en attendant le bus, offrait une place de jeu à mes pieds de « gamin de talus ».

J’écris ces lignes dans le train qui me ramène à Fribourg, « Eloge de la transmission » (Goerge Steiner et Cécile Ladjali) et « Air de la solitude » (Gustave Roud) sont venus s’ajouter aux chars qui cortègent dans mes festivités cérébrales.

Plusieurs images de ma journée vont miroiter durablement sur les vitres de l’allée qui accompagne les confettis:

Le surgissement d’un chat borgne à l’extrémité d’une ruelle sans issue.

La fulgurance du bleu à travers une toiture de branches.

Mon sursaut consécutif aux chants d’un cerf Noël en peluche.

My nostrils prickle with nostalgia / Les narines me picotent de nostalgie. (Sylvia Plath)

Une en particulier, s’étant présentée comme un double égaré, va être l’écho de mes lourds sommeils à venir :

Un ballon de baudruche orange, à moitié dégonflé, qui, s’entretenant avec un tas de feuilles mortes, s’étonnait de la violence de leurs réponses.

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1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Euuuuuuh le joueur de foot qui pèse quelques millions... tu parles de Sergio biensur ?!!? Mais quelques millions de quoi ?? On se le demande... ;-))

04 janvier, 2008 23:08  

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