« Ceux que tentent la religion devraient réfléchir à la poésie » Yves Bonnefoy
« Cher inconnu, bienvenue dans ce récit. Je dois t’avertir que si, avant de mettre un pied devant l’autre, il te faut distinguer le sentier incertain qui sépare les faits et la fable, le souvenir et la fantaisie ; si la logique et le sens te paraissent une seule et même chose ; si, enfin, l’anticipation est la condition de ton intérêt, ce voyage te sera peut-être insoutenable. »
J’avais une pressante envie, hier, d’une certaine sensation poétique, immersion dominicale dans des cathédrales de mots à la fascinante beauté.
Un livre avait retenu mon attention du fait de son titre « Le passé devant soi », fallait-il y voir un clin d’œil de son auteur, Gilbert Gatore, à mon romancier magicien ?
Lecture faite, il n’en est rien, mais cela ne diminue pas la sombre puissance de ce premier roman. Deux histoires s’entrecroisant sur fond de génocide rwandais, terrible réalité servie par une prose soignée à l’extrême.
Je me suis ensuite laissé porter par les paroles de Nimrod, poète tchadien qui, expliquant combien à ses yeux la création littéraire est toujours tenue de faire preuve d’une certaine pudeur, « la monstration et la démonstration » étant de l’ordre de la barbarie que la plume vise à combattre, est venu donner son point de vue sur le contraste saisissant existant parfois entre la splendeur d’une évocation et les faits terrifiants qu’elle éclaire.
« Les rivages du Chari, l’énigme du monde gardée par devers soi, constituent ce phénomène qui, au souvenir des miens, m’arrachent des sanglots. C’est en eux que je suis fondé. J’ai reçu d’eux une mémoire qui m’a précédé. Elle détient ma formule. »
L’après-midi, c’est vers un écrivain « du terroir » que j’ai eu envie de me tourner. Il m’est difficile de dire à quel point les textes composant « Air de solitude et autres récits », de Gustave Roud, me procurent une sensation de plénitude, me bouleversent véritablement physiquement. Raison pour laquelle se sont des phrases que j’aime lire à haute voix, non pas pour me les approprier, mais pour donner à sentir, quand l’occasion m’en est donnée, combien ce sont des mots, une réalité souvent « campagnarde », qui font vibrer l’enfant jouant au milieu des bottes de pailles que je ne veux pas cesser d’être.
« Et moi j’écoute à travers le long frémissement de l’averse les deux notes creuses descendre, éveiller dans ce cœur qui s’ensommeille le miracle d’un jeune cœur perdu. »
« Il fallait perdre la parole pour découvrir le vrai langage de toutes choses ; par l’innocence offerte de la bête et de la fleur atteindre peu à peu la secrète innocence des hommes comme une déchirante certitude. »
Ma journée à errer entre livres et films (« Juno » et « Children of men ») avait commencé par la lecture d’un message magnifique de Benoît, il y était question des similitudes, dans cet « écrire vrai » qui me taraude, entre Annie Leclerc et Gary. Je laisse le mot de la fin à mon Benito d’amour :
« La longue confession de Momo qui nous parle à l’oreille, espérant enfin trouver cette terre offerte où s’avancer, elle ne se termine pas par Il faut de l’amour, ou Je veux qu’on m’aime, mais par Il faut aimer. »
3 Comments:
Continuant mon périple magnifique dans les méandres de Gustave Roud, j'ai trouvé ceci qui justifie pleinement mon utilisation du terme de plénitude:
"Déjà je n'entendais plus les cloches, elles étaient ma pensée même qu'elles ponctuaient au temps juste, sombres ou claires, et ce balancement paisible, je le sentais aussi dans la mesure de mon pas, comme retrouvée, et là-haut encore, dans la suite sur le ciel des belles touffes de branches sombres. Ce qu'on appelle plénitude n'est pas tant peut-être une abondance qu'un accord; c'est un échange de réponses, un concert où chacun ne chante que soi, mais l'oreille nourrie du chant des autres."
je t'aime
voilà un commentaire bref et prècis! Mais qui en est l'auteur ? Taratata se dit que son neveu préfèré à de la chance!Mais que de mystère !!!!!!! bisous
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