katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mercredi, juin 18, 2008

L'impossible défi

Antonio Lobo Antunes dit que ce n’est pas l’intrigue qui lui importe, ce qu’il aimerait, ce n’est pas qu’on lise ses livres, mais qu’on les vive.

« Les émotions viennent avant les mots et, mon but, c’est de traduire ces émotions, de faire en sorte que les mots « signifient » ces émotions. Voilà l’impossible défi, mais je crois qu’il faut essayer de le relever. »

J’ai reçu, samedi, un magnifique message de ma grande sœur qui séjourne dans un petit village allemand. Elle me décrit ses journées, m’y écrit combien elle se sent bien, envies et regards neufs, disponible pour toutes les curiosités qui se présentent.

Elle a pris un livre (« En nous la vie des morts » de Laurette Nobécourt) que je lui avais conseillé, qu’elle avait déjà lu et apprécié mais qu’elle voulait relire. Elle m’en a extrait cette phrase d’Heidegger qu’un des personnages cite :


« L’habitude nous déshabitue de l’essentiel »
.

J’aime bien recevoir des messages qui palpitent, des paragraphes qui dessinent la carte des vibrations intérieures de celui ou celle qui vous les envoie.

Oui, mille fois oui, voilà à peu près tout ce que j’étais en mesure de lui répondre, tellement je suis d’accord avec cela, tellement je n’ai de cesse de l’encourager, elle et tout le monde, a foncé beaucoup plus tête baissée et cœur au vent, plutôt que de s’enfermer dans une équation que l’imprévu prendra un malin plaisir de résoudre à notre place, ravivant nos regrets.

La fraîcheur de son message me caressait le sourire lorsque Nietsche est venu me susurrer ceci :

« Même le plus courageux d’entre nous a rarement le courage d’assumer tout ce qu’il sait… »