katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mercredi, juin 04, 2008

Nous sommes de ceux qui disent non à l'ombre

Peut-être est-ce l’abondance de gris qui les chatouille de toute sa pesanteur, toujours est-il que mes paupières ont cet après-midi une fâcheuse tendance, elles tombent plus que de raison. Et du coup, estompent mon horizon, ben ouais.

Je fais un effort, pas du zèle mais une nécessité, pour m’imprégner de ce long et somptueux hurlement qu’est le « Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire. Une page, ça passe. Deux pages, ça passe. Trois pages, mon attention trépasse. Enfin, c’est surtout mon regard qui se fait mélasse et les lignes, du coup, s’entassent.

Alors je m’aère un peu, rien de plus efficace que le froid pour agrafer ces petites ailes surmontées de sourcils qui se permettent de m’enquiquiner pendant que je lis. Non mais. Pour qui elles se prennent celles-la ?

Puis je reprends place, l’accordéon qui doit, d’après mon petit doigt, se cacher derrière le rideau, se fait toujours entendre, mes pieds peuvent benoîtement s’étendre. Ma lecture reprendre.

« Et voici soudain que force et vie m’assaillent comme un taureau et l’onde de vie circonvient la papille du morne, et voilà toutes les veines et veinules qui s’affairent au sang neuf et l’énorme poumon des cyclones qui respire et le feu thésaurisé des volcans et le gigantesque pouls sismique qui bat maintenant la mesure d’un corps vivant en mon ferme embrasement. »

Je vous avais prévenu, faut s’accrocher, il commence par un bon petit plat de la main derrière la tête, faut que ça claque, puis, entre amis, un bon coup de boule pour retravailler ce nez un peu trop droit.

Vous en redemandez ? Pas de problème, on doit bien encore avoir une pelletée de pieds aux culs qui traîne dans les parages.

« […]

écoutez chien blanc du nord, serpent noir du midi

qui achevez le ceinturon du ciel

il y a encore une mer à traverser

oh encore une mer à traverser

pour que j’invente mes poumons

pour que le prince se taise

pour que la reine me baise

encore un vieillard à assassiner

un fou à délivrer

pour que mon âme luise aboie luise

aboie aboie aboie

et que hulule la chouette mon bel ange curieux.

La maître des rires ?

Le maître du silence formidable ?

Le maître de l’espoir et du désespoir ?

Le maître de la paresse ? Le maître des danses ?

C’est moi ! »

1 Comments:

Blogger Alexandre said...

Ah...toi aussi tu subit le trop plein de lourdeur qui plane sur nos têtes en ce moment? Moi, ce n'est pas seulement les paupières qui s'en vont, mais carrément les yeux qui se ferment avant les paupières...

Une virée à Chasseral s'impose de plus en plus, histoire de s'alléger un peu l'état physique. Je te contacterais bientôt, après mes examens, si cela sera possible dans un proche à venir.

Malgré les paupières qui cachent les magnifique mots d'Aimé Césaire, j'espère que tu te portes bien?

Alex

04 juin, 2008 22:08  

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