katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

samedi, mai 17, 2008

Et l'intime sera ma profession

« Je détournerai les événements dans les gouttes d’encre. Et leur sens changera. Et l’intime sera ma profession. »

J’entends malgré moi les rumeurs du monde, celles crachées sur le papier des quotidiens gratuits et des magazines à sensation, du papier sale qui semble n’avoir d’autre but que de boire jusqu’à la dernière goutte les flaques de questionnements salutaires où risquer ses pas sans bottes.

Des minuscules océans qui ondulent pourtant encore si l’on prend le temps d’y lancer un caillou de doutes, si l’on regarde s’y déposer une feuille frissonnant de nuances.

Me ferai-je un jour à l’importance que prend le grand Rien dans ce monde fascinant qui ne demande pourtant qu’à palpiter dans la paume ?!?

Ne pas craindre de déposer les coussinets qui se cachent dans nos mains sur le côté gauche des visages que nous croisons, nous muant ainsi en une fratrie de chats câlins, armée de tendresse, désarmante de faiblesse.

« Et l’étrange instant de vie si recherchée par les hommes de risque et d’aventure sera peut-être ma banalité quotidienne si je suis assez fort pour rester lucide. »

Je remontais chez moi alors que la nuit avait fait son entrée en scène depuis peu, j’offrais avec délectation ma tête à la légère pluie qui prétendait me faire presser le pas. Je jetais un œil inattentif à l’intérieur des cafés d’où montait un brouhaha fatigué.

Des lèvres de solitude dessinaient étoiles et points d’interrogation à la jonction de ma nuque et de mon épaule, celle qui mène aux doigts qui étreignent le stylo ; écrire pour atténuer la charge, pour atteler ce char qui, ne sachant où il va, ne se perd jamais.

D’où viennent ces pépiements, se détachant à l’aube, qui m’enjoignent de toujours sonder l’insondable ?

« Mais ce cristal et cette cendre ? des mots que l’on a pas prononcés gardent en nous un pouvoir absolu. »

Ma force ? Avoir la certitude que, lorsque le ruisseau d’encre de mes divagations indignées rejoint la rivière soyeuse de mes sourires aimants, les barrages oublient leur nom avant de s’effacer en s’excusant.

« Une petite écriture si vivante sortie du déluge et dont on retrouvera l’empreinte au bout de la nuit, avec une idée de la mer qui est dans l’homme. »

Les extraits qui jalonnent mon délire ont été grappillés dans « Le Garçon qui croyait au Paradis » de Maurice Chappaz.

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