katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

vendredi, juin 06, 2008

La faim du spectacle, ou le spectacle de la fin, ou, peut-être, l'afin des haricots

Une fin de semaine palpitante s’annonce avec, à choix, ou plutôt en alternance, parce qu’il convient de ne pas rater une miette des spectacles qui s’offrent à nous : les derniers actes entre les héros de Rolland-Garros et le début des festivités footballistiques, vous savez, cet événement sportif qui est tellement présent partout (télé, radio, murs, magasins, journaux, …) que même ceux qui ne savent pas ce qu’est un corner ont l’impression qu’un grand moment de leur vie va se jouer.

A mon sens, il ne s’agit même plus de mascarade, mais je n’ai encore pas trouvé le terme qui pourrait rendre compte de cette ridicule lobotomisation ; vous serez les premiers au courant, je vous le promets.

A Rome, dans une ville qui frétille aussi en espérant que son équipe va se sortir du groupe de la mort, s’est tenu le Sommet de l’alimentation. Je mets une majuscule pour la forme, mais peut-être serait-il plus porteur de la faire manger, cette majuscule, avec les cravates et les poignées de mains des grands messieurs qui ont discuté de la misère entre gens bien élevés et bien trop nourris.

Résultat : rien, ou presque. Une seule promesse de cons, euh pardon, de don, elle vient de l’axe du mal, ou presque, la Banque islamique pour le développement. Allez expliquer aux pays du Sud que les barbus sont les grands méchants, après cela.

Je veux en venir où avec mes cyniques lamentations ? A rien, ou presque, je voulais juste vous dire de ne pas trop manger de Chips en regardant les matchs, pas que vous dépassiez le quota que nous accordons chaque mois à la nourriture : moins de 10% de notre revenu.

Ni la faim, ni la fin de la faim ne sont porteurs pour les cerveaux.

La faim de la fin pas tellement davantage, me semble-t-il.

On n'est pas sortis de l’auberge, comme dirait l’autre.

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5 Comments:

Blogger Alexandre said...

Beaucoup de promesses et d'attentes, mais peu de réalisations concrètes. Voilà le résultat de ce Sommet (avec un S majuscule pour bien montré l'importance de la thématique abordée). En plus avec certains visiteurs, Mugabe par exemple, qui utilise l’alimentation comme une arme pour rester au pouvoir.

Pendant ce temps-là, à Chicago, à la bourse des matières premières, le prix du maïs, du riz, du soja et du blé flambent des vies humaines... Entre mars 2007 et mars 2008 le cours du maïs à augmenté de 31%, le riz de 74%, le soja de 87% et le blé de 130 %. Lassés par l'incertitude des bourses économiques (crise des Subprimes oblige), les spéculateurs "coeur de pierre" s'amuse avec la vie d'environs 1 milliard d'humain en achetant des matières premières sans les revendre, en les stockant pour attendre une nouvelle flambée...Voilà peut-être où les politiques devraient sévir.

Discuter est une bonne chose, mais dans ce cas ça ne suffit plus. Il faut agir selon ce mot d'ordre de Jean Ziegler: "Je suis l'autre, l'autre est moi. L'inhumanité infligée à l'autre détruit l'humanité en moi." Il faut une solution efficace et rapide, en visant les vecteurs de la famine!

06 juin, 2008 10:38  
Anonymous Anonyme said...

En attendant que tu trouves le terme juste pour la football mania ,
j’ ai pensé au truc des antiques romains . d’après l’idée du poète Juvenal
( 55- 127 A.D. )

PANEM ET CIRCENSES !

PAIN ET SPECTACLES !

Pendant les périodes difficiles de la dictature ces derniers étaient distribués
gratuitement pour apaiser le peuple et tenir sous control le mécontent et l’
émeut populaire .

Cette interprétation est bien connue et acceptée depuis longtemps ( même
adoptée en Espagne comme ‘ pan y toros ‘ formula entre le 19 et 20 - ième siècle )

D’après les rechercheurs dans sa ‘ Satire ‘ Jouvenal

intentait en même temps faire procès au peuple , les Romains qui
devenaient toujours de plus en plus indifférents , avaient perdu le grand
enthousiasme et la capacité de participer dans le gouvernement de leur pays se laissaient bercer et s’ assoupir par des spectacles bien souvent insensés
et quelques …. miettes de pain

On peut aimer quand même les matches de football !...

PS. Complètement d'accord avec toi et le magifique commentaire d' ALEXANDRE sur le Sommet ? ? ou ' le bas-fond ' à Rome

Juvenal où es tu ?

06 juin, 2008 13:15  
Blogger katch said...

D'abord merci, j'aime bien quand cela s'anime dans les commentaires!

Du coup, j'en profite pour y ajouter un peu de sauce "debordienne", qui, même si de manière pas toujours très accessible, a lumineusement décortiqué "la société du spectacle":

"Le caractère fondamentalement tautologique du spectacle découle du simple fait que ses moyens sont en même temps son but. Il est le soleil qui ne se couche jamais sur l'empire de la passivité moderne. Il recouvre toute la surface du monde et baigne indéfiniment dans sa propre gloire."

"[...] Le consommateur réel devient consommateur d'illusions. La marchandise est cette illusion effectivement réelle, et le spectacle sa manifestation générale."

Parce que tout ceci prend vraiment une ampleur démesurée. Le catastrophique "Maradona by Kusturica" que j'ai eu la très mauvaise idée d'aller voir hier étant une parfaite illustration du degré zéro de la réflexion à quoi mène ce qui est spectaculaire, quelle que soit la nature des intentions de départ.

On en revient à cette "éthique de la nuance" que peuvent, que doivent offrir les livres, nous réconciliant avec l'illusion, avec une imagination qui n'est plus passive mais active.

Avec des rêves qui (re)deviennent ainsi plus "essentielles" et plus humains.

06 juin, 2008 13:38  
Blogger Unknown said...

Et je prend la balle au bond ;-)...

Je rêve que les personnes aient faim d'imagination, je rêve de la fin du zapping et des jouets tous faits qui ferment la porte imaginaire.

Je me souviens encore des simples legos que nous transformions en ponts, en voitures ou autre,...

Ok un rectangle vert en plastique... allez faire comprendre à un adulte que c'est un bonhomme, il dira que ça n'y ressemble guère qu'il faudrait mieux dessiner un serpent qui mange un éléphant...là, au moins, il comprendrait la référence...
Mais voilà, maintenant au grand bonheur des parents, on a perfectionné les joujoux, qu'ils ressemblent à quelque chose de vrai, de concret, de réel, que diable... les parents comprennent mieux les jeux de leurs enfants...
Est-ce que vraiment on doit comprendre les jeux des enfants? On pourrait pas les laisser jouer, tout simplement?)
Maintenant, il y a des ponts tout prêts, des maisons toutes prêtes et solides(parce qu'avant, on savait pas tout de suite qu'il fallait croiser les briques...alors parfois c'était bringuebalant)...

Je rêves que les simples cubes en bois retrouvent leur place et soient à nouveau des portes vers l'imagination active...

Et ceux qui pensent que c'est des idées rétrogrades et autres blabla je les invitent à écouter "Joyeux Noël" de Marie Cherrier.

Et blablabla... je sais pas pourquoi je m'emporte...

D'ailleurs ma grand-maman m'avait dit un jour qu'en fait, quand elle était petite, les jouets ça n'existait pas.
Qu'elle avait reçu une poupée à 14 ans, en porcelaine, celle qu'on met sur le lit pour décorer...
Les enfants travaillaient pour aider maman ou papa, quand il y avait du temps libre ils jouaient ensemble à cache cache...

Et moi je l'imagine, je crois que quand on doit donner des coups d'mains... balayer, faire la vaisselle, préparer les légumes...

L'esprit a le temps de voyager, de s'envoler avec la poussière, de plonger dans un océan, de tourner autour des patates pour faire des épluchures décoratives...

Et puis on imagine les autres qui ont l'estomac qui se manifeste et on sait alors qu'eux aussi pensent au repas que bientôt on leur servira...
Et on rêve de télépathie (l'ancêtre du téléphone portable) et la cloche du village sonne midi pour rappeler ceux qui sont encore aux champs (et qui n'ont pas de "natel" pour leur donner l'heure)...

Et je réalise soudain que j'ai de la peine à imaginer le passé en ville... je me retrouve tout de suite avec des images de Germinal...

Tiens, comment est-ce que c'était en ville, il y a un siècle, quand, même avec une imagination active, l'on ne pouvait imaginer qu'un jour la question de la pollution lumineuse serait à l'ordre du jour....???...

(je m'arrête là parce que je refais le film de ce que mon autre grand-maman, qui vient de fêter ses 80 ans, a traversé... punaise, waouw....
et j'ai un brin d'émotion qui mouille ma cornée,

son rêve...qu'avec tous ces progrès, ce confort...la vie soit plus agréable et plus facile...
sa déception de voir que ce n'est pas le cas...
mais la sagesse aussi, l'essentiel ne peut être acheté, l'essentiel c'est ce que chacun vit, construit, transmet...
l'essentiel demande des efforts, ce n'est pas la consommation passive mais un élan actif...) et voilà me suis perdue dans les parenthèses ;-)

... et merci Alexandre, s'il y a une chose que je ne comprends pas c'est bien ces combines de spéculation...je comprend le principe et que c'est pour faire de l'argent... mais non...finalement... je ne comprends pas...enfin, pas vraiment... l'objectif de faire de l'argent?... ce ne peut être un objectif... enfin je sais pas comment dire... je crois que c'est tellement "hors de mon cadre de référence" que je ne peut y accéder... [un peu comme j'imagine la rencontre entre les indiens d'amérique et les conquistadors ou tout autre forme de colonisation ancienne ou récente)

06 juin, 2008 14:33  
Anonymous Anonyme said...

Si je peux me permettre une suggestion, lisez "Ecologica" d'André Gorz (Galilée), qui rejoint en de nombreux points Debord, mais en plus lisible. Évidemment, ce n'est pas "Le crabe aux pinces d'or" mais si on s'accroche, le raisonnement est lumineux. On comprends mieux alors, que la spéculation, c'est l'art de jongler avec de l'argent qui n'existe pas. Eh oui, la bulle informatique qui a éclatée avec les dommages collatéraux que l'on sait à la fin des années 90, a fait disparaître (si je me souviens bien) quelque chose comme 85 milliards de dollars. Disparus? Comment ça disparus? Beaucoup ont été ruinés, (donc il y a des conséquences dans la Réalité) mais cet argent qui n'existait pas a été, somme toute, confirmé dans son inexistence. C'est ce qu'on appelle "le marché qui effectue une correction". On attend la même chose du marché de l'immobilier sous peu. Ainsi, j'ai visité des amis (je suis à Vancouver) qui nous ont dit que la petite, modeste et agréable bicoque avec petit jardin qu'ils ont achetés il y a six ans, au rhytme ou vont les choses, ils devront la revendre d'ici trois ou quatre ans: ils ont deux enfants, deux très bons salaires, une seule voiture, mais ça ne sera plus assez: les bicoques autour d'eux dépassent présentement le demi-million de dollars !!!!
La faute à?
Bingo! La spéculation.
Sur la base de: il y aura toujours des gens prêts à acheter plus (parce que plus c'est mieux: plus près du centre, tout est mieux il paraît) donc on augmente et on attends que les portefeuilles viennent. En attendant, il y a longtemps que les "gens de peu" sont partis habiter en banlieue et passent deux heures chaque jour en voiture sur l'autoroute pour aller bosser au centre... Mon ami, qui peint et réussit à vendre ses oeuvres, me disait aussi qu'il y a exode des artistes: espaces pour ateliers et locaux pour répétitions devenus trop chers. Même chose à San Francisco: la ville s'est vidée de ses artistes, remplacés par des yuppies technos travaillant dans les industries "de pointes" qui achètent des condos 5 pièces pour un million de dollars...
Autre anecdote: j'assistais à une conférence à l'Université de Colombie-Britanique, de Richard Florida, intéressant bonhomme, qui disait que depuis sa dernière visite, les profs de l'Université n'avaient plus les moyens d'habiter près de l'Université: trop cher. Spéculation.
Je reviendrais d'ailleurs sur le bonhomme à un autre moment, il parle des villes, de la créativité, de comment faire des villes des lieux habitables. Son discours fait hurler aux USA alors qu'il me semble bien gentil et même hyper-conciliant, notamment en usant de termes comme "compétition" et "croissance économique" qui me semblent contredire le coeur de son propos. Alors d'une part, je trouve ça déprimant (rien ne changera donc jamais?) mais d'un autre côté, il fait beaucoup de vagues, signe qu'il y a un intérêt réel hors les officines universitaires: alors espoir aussi, un peu.

Bon, en route pour l'aéroport.
En passant, ici il pleut et il fait dix degrés sous les moyennes saisonnières depuis des jours.
À Montréal, il fait dix degrés en haut des moyennes saisonnières et on annonce un beau smog pour dimanche, et, plus généralement, un été anormalement chaud, le 18e dans les 25 dernières années.
Vous croyez que Claude Allègre va y croire un jour, au réchauffement climatique?

Et on s'en va prendre un avion, ce qui ne va pas arranger les choses.
Vous auriez pas un machin truc pour que je me flagelle un peu?

Soupir.

Benoit.

06 juin, 2008 17:14  

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