katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

jeudi, juillet 03, 2008

Libres d'être bernés?!?

Un paradis de poussières

La Connaissance du Soir

Les draps du peintre

Je ne sais par où commencer pour éviscérer le cadavre d’images qui imprègne mon cerveau de toute sa nauséabonde omniprésence, alors je dissémine les titres des livres qui sont à mes côtés, comme une manière de m’assurer sur cette paroi visqueuse.

Hier soir, moments de douceur enveloppés dans l’ombre d’une toujours bienvenue soirée lecture, puis, comme je ramenais Béatrice, et alors que je me demande parfois si je sais encore ce qu’est une télévision, j’ai vu l’allocution (envie de noter allo-cul-cul-tion) de monseigneur Sarkozy.

Et là, malgré moi, je n’arrivais pas à voir ce qu’il FALLAIT voir, ce que cette douteuse mise en scène prétendait représenter, quelque chose comme une « grande victoire de la liberté », je n’étais pas capable de cautionner ce cirque, est-ce :

a) du cynisme ?

b) une volonté de « toujours avoir quelque chose à redire » ?

c) les livres qui me rongent le cerveau et le coeur ?

d) de la connerie ?

toujours est-il que je ne voyais que le comble du ridicule de ce perpétuel présent médiatique dont on nous gave.

« Mais le principal c’est qu’ils soient libres, non ?!? », c’est ce que m’a dit Raphu, ce matin, lorsque j’ai laissé filtrer mon scepticisme. Même confronté à cette question toute simple, à quoi j’aimerais pouvoir répondre : « Oui bien sûr », j’ai séché, parce qu’il me semble qu’il y a vraiment autre chose qui est en jeu, et que cette manière cavalière de régler les problèmes en titillant l’opinion publique pour qu’il y ait des solidarités ciblées relève davantage du problème que de la solution.

J’avais comme un chat zimbabwéen/chinois/malgache/palestinien (je continue ?!?) dans la gorge.

Puisque nous sommes encore imprégnés d’une atmosphère euro-footballistque, je vais me permettre d’hasarder un parallèle.

La saison qui vient de s’écouler a vu un joueur prendre une dimension phénoménale : Christiano Ronaldo. Buts en cascades, passements de jambes « en veux-tu en voilà », belle gueule,… Mais, aussi, surtout, un individualisme forcené qui occasionne, dans le jeu, énormément de déchets, et qui, dans les journaux, le met au centre d’un différent entre son club et le Real Madrid qui propose un montant que je préfère ne pas qualifier.

Pendant l’Euro, niet, on ne l’a pas vu, ou bien si, juste quand il pleurait parce qu’il se rendait compte que son équipe allait passer à la trappe.

Dans un autre club qui sort d’une saison en demi-teinte, il y a un catalan pure souche qui répond au doux nom de Xavi. Un type qui ne jouera jamais pour un autre club que le Barça et qui va orchestrer le collectif espagnol encore longtemps. Quand il avait six ans, que tous ses copains couraient devant pour aller marquer des buts, il restait sagement au milieu de terrain malgré les exhortations de son père et de son entraîneur. « Il faut bien qu’il y ait quelqu’un pour défendre si on perd le ballon », leur répondait-il calmement.

Aujourd’hui, il est « au four et au moulin », comme on dit, il organise le jeu de son équipe sans jamais se mettre en avant, placement irréprochable, vision du jeu phénoménale, abnégation de chaque instant. Il court énormément, jamais pour rien, lorsque ce n’est pas pour récupérer un ballon ou pour le donner, c’est pour offrir une possibilité de passe à ses coéquipiers.

Ronaldo « provoque » ses adversaires pour creuser des brèches où il n’y en a pas, parfois ça passe, souvent ça casse.

Xavi joue avec l’espace. Il le crée lorsque son équipe a le ballon, il le réduit à zéro, dans sa zone, en phase défensive. Il est une sorte d’incarnation de la notion de solidarité. Il sait que tout le monde ne peut pas voir et sentir le jeu comme lui, alors il se met entièrement au service de son équipe.

Xavi rime avec poésie.

Il sait qu’une vie ne se résume pas à un coup d’éclat, mais qu’elle se dessine chaque minute devant son miroir intérieur.

On a le droit de penser que ceci n'a rien à voir avec cela, mais, quoiqu'il en soit, le meilleur joueur de l’Euro, c’était lui.




« Evidemment le mot rien dès qu’on le dit

Se heurte à tout ce qui reste vivant,

Ce par quoi justement je touche (avec et sans précautions)

A ta parole à ta main, autant

Qu’à ton silence ou ton retrait.

Le mot rien dans le mot vivant ? »



James Sacré, Un paradis de poussières

Libellés :

4 Comments:

Blogger Unknown said...

Tu me donnes envie de regarder le foot ;-)... où de rêver que Xavi rejoigne le "panthéon" des adolescents pas uniquement au niveau de l'image mais surtout au niveau du fond... c'est chouette et ça donne du baume au coeur...
Rêver aussi que les média changent de regard...

07 juillet, 2008 08:57  
Blogger Unknown said...

Trouvé ce matin ... il me clignait de l'oeil... un journal que je me réjouis de lire au complet...
"La décroissance, le journal de la joie de vivre"

Je me demande ce qu'il a dans le ventre...tu connais?

...et en cueillant les framboises...je repensais à qqes mots de l'article de Paul Ariès ...

"toute idée de rationnement semble devenue impensable dans des sociétés qui comme les nôtres semblent avoir totalement perdu la capacité à se donner des limites"

... croisé avec la question de la liberté de Raphaël...
et la suite de l'article "que l'on puisse choisir individuellement de vivre mieux avec moins est déjà incompréhensible pour la majorité de nos concitoyens, mais qu'une société choisisse collectivement de réduire sa consommation en se rationnant frise désormais l'hérésie."...

... ne pas se donner des limites est-ce la liberté?
..comment apprendre à être libre?...
...est-on libre quand on ne choisit pas.?..
..comment apprendre à choisir?... et là je me rappelle une combine que j'adore... mais je sais sais plus où je l'ai lue..." choisir c'est renoncer"...

Comment apprendre à renoncer lorsque "la société" (l'économie, la publicité, les médias,..? quoi au juste? je sais pas, pr cela il me faudrait réfléchir un chouilla(t) plus loin ..clin d'oeil souvenir à feu Mme F.Conod, qui nous rappelait toujours d'expliciter car utiliser des termes généraux cela ne fait pas avancer les choses...ou "de l'art de ne rien dire en parlant la langue de bois" ....enfin elle disait ça bcp mieux ;-) )

Donc (j'en étais où? ;-), je reprends..la balle..), baigné dans l'ambiance actuelle, il semble que ce qu'"on" nous dit/fait croire,...c'est que la liberté c'est de pouvoir tout faire et en particulier consommer sans limite (loisirs, bouffe, fête, boissons, média, femmes, hommes, vacances, sport, objets,...)
...mmm...alors, si je suis les règles de la logique cela donne :
Etre libre c'est pouvoir tout faire,
Choisir c'est renoncer,
Donc si je choisi je ne suis pas libre???

Ah là là, comment s'en sortir...pfff ;-)... Moi j'aime bien être libre de choisir et j'aime surtout cueillir des framboises...;-)

07 juillet, 2008 14:29  
Anonymous Anonyme said...

ça c'est des postes que j'aime lire nom de nom !! Descendre Cricri pour mettre Xavi sur le devant de la scène... Il n'y a que toi pour faire cela... malheureusement !?

07 juillet, 2008 14:45  
Anonymous Anonyme said...

Pour une fois j'ai tout lu, en rentrant du jazz, histoire de faire diversion... comme xavi?!
raphu itself

09 juillet, 2008 00:34  

Enregistrer un commentaire

<< Home