katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

vendredi, septembre 26, 2008

le seul lieu

Il y avait un duvet de nuages tiré sur une moitié du lac, l'autre n'en respirait que plus amplement.

Je les distinguais depuis le train qui arrivait en gare de Neuchâtel, une nouvelle fois abasourdi par ce que cette couche d'eau remue en moi d'essentiel.

J'avais une trentaine de minutes pour aller le saluer, sachant pertinemment que je n'aurais ensuite plus qu'une envie, rester à ses côtés, un livre en mains et une apaisante impression d'être entendu dessinée sur le visage.

J'étais encore un peu triste du marathon avorté de dimanche dernier, cette plongée en moi, esquissée à Yverdon, qui aurait dû me mener jusqu'ici.

Aventure d'autant plus stimulante que, pour de nombreuses raisons, écriture et course à pied se donnent la main dans mes regards.

Ce tracé, trait d'union entre les deux pôles de mon enfance, ajoutait à cette "première" une avalanche brumeuse de souvenirs que j'avais à coeur de passer au tamis de mes ailes enfin déployées.

Mais une blessure en avait décidé autrement.

Qu'à cela ne tienne, un grèbe huppé égaré m'a murmuré que c'était parce que j'avais été beaucoup trop sérieux pour préparer cette course, que cela ne me ressemblait pas, que ce petit accroc était simplement une invitation à accepter de voler vraiment sans filet, le plus loin possible du manège des compétiteurs en tous genres.

Les mots d'une poétesse suisse qui a publié l'année dernière son premier ouvrage, des pages qui résonnent dans ma poitrine, s'imposaient alors en écho aux vagues qui me martelaient les pieds:


"(...), on recule jusqu'au seuil de soi-même, au plus loin de la voix qui a glissé dans la gorge; (...), là personne ne sait où on est, c'est très loin, une ampoule vissée au bout du temps, avec dans les manches une odeur de bois fumé - le seul lieu."

Mary-Laure Zoss, Le noir du ciel

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2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

“ And this above all

To thine oneself be true “

( Polonius to his son Laertes - Hamlet act 1 sc, III )

“ Cela par-dessus tout

Sois fidèle à toi-même «

26 septembre, 2008 10:56  
Blogger Alexandre said...

Alors comme ça t'es de retour sur neuchâtel...la beauté de cette région se lit dans tes phrases, se déchiffre dans tes mots. Un soleil éblouissant sur le lac apaisé, quoi de plus beau?

27 septembre, 2008 11:28  

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