katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

jeudi, octobre 30, 2008

L'inachevable


"Quand il eut vingt ans il leva les yeux, regarda vers le ciel, regarda la terre à nouveau, - avec attention. C'était donc vrai! Dieu n'avait fait qu'ébaucher le monde. Il n'y avait laissé que des ruines.





Ruines ce chêne, si beau pourtant. Ruines cette eau, qui vient se briser si doucement sur la rive. Ruines le soleil même. Ruines tous ces signes de la beauté comme le prouvent bien les nuages, plus beaux encore.





Seule la lumière a eu vie pleine peut-être, se dit-il. Et c'est pour cela qu'elle semble simple, et incréée. - Depuis, il n'aime plus, dans l'œuvre des peintres, que les ébauches. Le trait qui se ferme sur soi lui semble trahir la cause de ce dieu qui a préféré l'angoisse de la recherche à la joie de l'œuvre accomplie."





Yves Bonnefoy, La Vie errante

Libellés :

1 Comments:

Blogger Jalel El Gharbi said...

Merci de votre passage.
Je reviendrai vous lire régulièrement
bien à vous

30 octobre, 2008 08:39  

Enregistrer un commentaire

<< Home