katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

dimanche, octobre 12, 2008

das wehen der stille / le souffle du silence

Un chien aboie, je l’entends vaguement, rattrapé que je suis par tout ce qui refait surface. J’ai laissé la Combaz derrière moi. Leila et maman discutent à une table, j’avais envie de retourner à l’orée de la forêt, dans ce lieu où nous avions peur d’aller, autrefois, certains que des sangliers s’y réfugiaient, qu’ils verraient d’un mauvais œil notre intrusion.

Puis je redescendrai, je retournerai me poser vers elles, nous continuerons de brasser ce temps où nos nuits se fondaient sous le même toit.

Nous rentrerons en faisant le crochet par les Rochats, nous remémorant cette fameuse fois où nous avions effectué le trajet à pied pour rejoindre Mutrux, notre fief d’alors. Leila n’avait pas arrêté de geindre parce qu’elle redoutait de rater le début de « Top Model », ce sitcom lénifiant qui annonçait le début de nos soirées.

Ensuite nous nous plongerons dans le lac de brouillard qui enveloppe le lac, un habit peu hospitalier que la piste de danse de mon enfance connaît bien.

Oui, nous ferons tout ça, mais, pour l’instant, je suis dans le sous-bois. Assis sur un tronc, je vois passer Claude et Raoul avec qui nous étions, sur un coup de tête, montés dormir sous tente. Le lendemain, nous avions rejoint le Chasseron. Du haut de nos 13 ans, notre lubie n’avait pas effrayé nos parents, une confiance qui fait partie des privilèges merveilleux qui ont bercé notre éveil au monde.

Maman se balade également dans le glissement de mes souvenirs, habillée de légèreté, elle cueille des gentianes, me demande si je les trouve belles.

Plus tard, en surplombant le lac depuis Provence, je penserai à toutes les fois où nous remplissions un couffin de victuailles que nous allions manger au bord de l’eau, histoire de reprendre des forces après de longues minutes à nager, maman « en indienne », moi un peu n’importe comment.

Comme j’écris, comme je cuisine, comme j’aime, un peu n’importe comment ; un n’importe comment qui me semble un bon refuge dans notre époque où le mode d’emploi et le cahier des charges sont rois.

Tout ceci passera par ma tête de toyet lorsque je serai dans le train, ce sera la mélancolie éparpillée dans la voiture par Françoise Hardy qui m’aura donné envie d’écrire.

Mais là je suis posé dans ce coin maquillé de jaune, de vert et de rouge, je suis accoudé à la fenêtre étroite qui donne sur mes pas, ceux déjà déposés comme ceux bientôt hasardés.

Je crois que je vais rester encore un moment.

Libellés :

5 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Salut rêveur,
Tu y étais hier, dans la forêt près de la Combaz?
Tu aurais surement dû marcher quelques pas de plus, ressortir de la forêt et tu nous aurais trouvé, la famille Froidevaux au grand complet qui grillait des cervelas "comme quand les garçons étaient petits"...
Si tu as vraiment fait le retour par les Rochats, tu as dû voir la couleurs des arbres sur le versant du Mont-Aubert, j'ai rarement vu des rouges aussi "fluos", magnifiques...
Bonne journée et à une prochaine, un jour où on se trouvera au même endroit et surtout au même moment...
Biz, Valérie et Marc

13 octobre, 2008 08:59  
Anonymous Anonyme said...

salut le toyet!¨

en voilà une belle journée de dimanche,depuis plusieurs mois voir même plusieurs années que j'avais promis a une amie de longue date une "tartiflette" maison.ainsi fut fais ce dimanche non sans penser à toi et je me suis dite"ou peut-il bien traîner ce chenapant da gamin,il aurait plaisir a en manger!! Je suis bien contente de voir que tu passais une bonne journée toi aussi.je t'embrasse et si l'envie te prend pour une tartiflette tu sais ou j'habite. bisous taratata

13 octobre, 2008 20:32  
Blogger Unknown said...

moments de vie si simples mais si doux et si précieux...j'aime à me balader avec toi...
nad

14 octobre, 2008 15:08  
Blogger Alexandre said...

Alors là, mon bon vieux Katch, tu me régale! Comment fais-tu pour décrire de si simples moments avec de si beaux mots, de si belles phrases?

J'ai envie de me rendre à l'endroit décrit pour sentir tous les instants magiques des marcheurs curieux, sentir l'odeur des grillades heureuses. Y laisser mon souvenir, mon souvenir dans ce tourbillon de bonheur. Voilà ce que je veux en lisant ce magnifique texte.

J'ai faim de souvenirs à cause de toi maintenant...

Allez, salut!

16 octobre, 2008 01:10  
Blogger katch said...

Ah c'est beau quand les commentateurs potentiels s'enflamment de la sorte!!!

Le voyage des sens et des réminiscences n'en est que plus complet!!!

J'adore quand vous laissez des traces de votre passage sur mon p'tit balcon!

16 octobre, 2008 08:31  

Enregistrer un commentaire

<< Home