katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mardi, février 16, 2010

des senteurs qui appellent le sourire









On devine ses contours sous le morceau de tissu humide qui la recouvre ; la pâte, incrustée d’une constellation de graines, est en train de monter. Sa respiration module une sérénade éprise de tournesols, de courges et de lin.
Paumes et doigts dansant avec eau, farine et lait, c’est également l’âme qui se pétrit.

Du four, bientôt, s’échapperont des senteurs qui appellent le sourire. De joie, sans forfanterie, il sera alors question.

Comme il en a été dimanche, lorsque Flof et Jules ont débarqué à Fribourg. Le petit café commandé à 16h30 s’est étiré jusqu’à 20h, une bonne heure pour une raclette en basse ville. Nous avons alors continué de dribbler entre souvenirs, projets et éclats de vie. Tablée de 16, peu se connaissaient, pourtant quelque chose se passait, quelque chose qui était aussi de l’ordre d’un moment de grâce simple.

Barrenboïm, dans un entretien accordé à Diapason, à propos de son Divan Orchestra :

« Simplement pour qu’une vérité écoute la vérité de son voisin, et montre aux peuples de ces jeunes gens qu’on ne meurt pas d’écouter, on meurt d’être sourd. »

Hier a été une journée historique pour le ski suisse, les deux médailles remportées m’auraient, il y a de cela quelques années, transporté. Aujourd’hui, cela m’indiffère, complètement. Simple constatation qui me rappelle combien mes centres de gravité se sont déplacés, laissant penaud le patriote sportif qui s’agitait en moi, faisant place à un gugusse qui, sous ses sourires, est parfois péniblement solennel.

Ces mots, soufflés il y a peu dans un carnet :

« J’oscille entre douceur
et âcreté,
éviter le sirupeux. »

Récupérés chez Raphu, j’écoute à nouveau en boucles « White Chalk », de PJ Harvey, et le Requiem de Mozart ; il y a dans ces deux disques une puissance qui me foudroie.

« Broken Harp », un coup de tonnerre dans ma poitrine :

« S’il te plaît, ne me reproche pas
combien vide
est devenue ma vie.

[…]

J’ai essayé de comprendre ton langage
Mais me suis endormie à moitié dévêtue
Incapable de me reconnaître moi-même. »

En France, en 2009, ce pour la première fois depuis 150 ans, les forêts n’ont pas gagné de terrain.

La récession s’applique aux arbres, la crise aux vers de terre, les coups de haches au vert.

Le vert, la couleur de.

Oui.

L’espoir est encore possible dans les vers,


il peut y prendre appui,

nous rappeler l’urgence de certains refus ;

la nécessaire résurgence de certains refuges.

Libellés : ,

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Parlant de centres d'intérêts déplacés, Mouawad, ça le fait encore?
À ton retour de voyage, à Paris, "Ciels", de et avec Wajdi Mouawad à l'Odéon-Théâtre jusqu'au 10 avril.
ET,
Les justes, de Camus, au Théâtre National de la Colline jusqu'au 23 avril. Le 30, un dialogue autour du spectacle, avec Mouawad, le metteur en scène S. Nordey, et Emmanuelle Béart.

Je me demande si je ne changerais pas mon vol pour un printemps parisien et théâtral moi...

Benoit

18 février, 2010 00:41  

Enregistrer un commentaire

<< Home