katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

lundi, octobre 11, 2010

tout barbouillé de joie




Un café, un polar et un morceau de carton invitant les amis de l'église, ou les curieux, à y déposer de quoi lui permettre de se ravitailler; tranquille le gustion. Tellement peinard qu'il semblait sortir d'un rêve, du moins est-ce ce que je me suis dit, l'esprit encore (non-)sens dessus dessous par le zyeutage d'« Inception », le jour avant. Je m'en allais donc le pincer, histoire de voir de quoi il en retournait. Sur le point de lui choper un coin de peau, il a tourné tranquillement la tête dans ma direction:


« Dis donc, espèce de blaireau, si tu veux savoir si tu dors, c'est plutôt ton bras que tu devrais malmener, non?!? »


J'étais démasqué. Je lui ai présenté mes excuses les plus plates, on aurait dit une flamenküche anorexique, puis lui ai tendu des croissants.


« T'es pour la paix sociale, hein?!? Ton cadeau, tu peux te le planter au même endroit qu'on te met la retraite à 60 ans, non mais! »


Je les ai donc mangés, tout seul, tout déconfiture par son manque de délicatesse.


C'est « tout déconfit » qu'on dit.


Ouais?


Ouais.


Y a des jours comme ça.


Comme quoi?!?


« La beauté vient de l'abandon du refuge des formes anciennes pour l'incertitude du présent. »


C'est Mathias Enard qui a écrit ça dans « Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants »; un livre que je soupçonne d'être un exercice de style à même de lui gagner de nouveaux lecteurs. On peut déduire de cette affirmation que je ne l'ai pas aimé, eh bien ce serait erroné.


Hé hé hé.


« Et, plus que tout, le dessin, la blessure noire de l'encre, cette caresse crissant sur le grain du papier. »


Une autre petite louche, histoire de vous donner envie de remplir votre gamelle.


« Gamelle » est un mot qui me fait penser à Gargamel, j'ai passé une bonne partie de mon enfance à réaliser des défilés de Schtroumpfs dans ma chambre; et à « lugée » (probablement parce que « te tcheu c't'e gamelle! »), qui lui me remémore une sortie cavinesque - « Cavinesque » : mot devenu courant chez les étudiants passés par le Cessnov (une institution nord-vaudoise à la nocivité maintes fois prouvée), il renvoie aux propos d'un professeur de chimie, devenu avec le temps mi-tique/mi-saltimbanque; ses interventions étaient pour le moins acides, si vous m'autorisez la formule -. Jean-Christophe avait pour la première fois de l'année, peut-être de sa vie, osé répondre à une personne le malmenant. Il avait dit, très faiblement mais il avait réussi à extirper un son de son corps (objet difficile à qualifier): « non, j'étais allé luger » à Cavin qui lui demandait, lui rendant un travail catastrophique, s'il était allé skier, le jour avant l'interrogation.


Tout le monde s'était regardé. Avait-on bien entendu?!? J-C. avait répliqué quelque chose?!?


« Vous n'auriez pas dû vous déplacer pour cela, très cher, les lugées, vous les faites déjà chez nous. »


Voilà qui était emballé, pesé; envoyé. Au revoir, merci. Ils ne combattaient pas dans la même catégorie. Il y en avait un seul qui combattait, d'ailleurs, l'autre se débattait.


Et nous, lamentablement, on riait.


Ah ben bravo.


Je suis de nouveau lisboète depuis vendredi soir, je me suis tout barbouillé de joie en slalomant entre les souvenirs, ce week-end.


Hier matin, je suis allé courir au bord du Tage; les quelques kilomètres que je parcours ne sont pas franchement folichons.


Tout suintant, la respiration rendue difficile par des émanations dont il vaut probablement mieux que je ne connaisse pas la provenance, j'ai eu le privilège de lire ceci, sur une affiche:


« Il y a plus, dans la vie, que les promenades du dimanche. »


Il s'agissait d'une publicité pour une voiture.


Quel talent.


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