Où les fruits mûrissent:
sel et soleil dans mes veines,
lumière et miel dans une autre bouche.
Où je plantai
le haut acacia des fièvres
je me couchai moi-même,
pour être la racine de la graine,
et de bois et de sève
mon corps se fit.
Maintenant,
il pleut à l'intérieur de moi,
sur mes feuilles demeurent des gouttes,
suspendues entre un Soleil et un autre.
En moi poussent
des chants et des ombres
et je ne sais pas
si ce sont des ailes ou des mots.
Yeux prématurés
Bien avant moi,
mes yeux
déshabillaient le monde.
Ce qui était linge
tomba dans un abîme obscur,
aile désolée sous la pluie.
Et ce n'était pas du linge,
c'était l'âme de gens,
des rêves à la recherche du temps.
Courbée dans la marge,
la laveuse sait:
ce n'est pas de linge qu'elle s'occupe.
C'est le fleuve en soi qu'elle lave.
Et dans son ventre,
où la lumière s'agenouille,
parfois se désentortille
la tresse aveugle du Temps.
Pour cela, maman,
mes yeux sont les tiens.
Et ils ne servent pas à voir.
Tout juste à se rappeler.
Ce qui avant d'être lumière
fut mot et corps.
Encore Mia Couto, dans le même recueil
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