katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

jeudi, novembre 27, 2008

Tu comptes pour moi

Alors que je lui tendais « L’île aux musées » de Cécile Wajsbrot, elle m’a dit qu’elle avait aussi un cadeau pour moi. Un CD d’extraits de « La Bohème » de Puccini, Pavarotti y interprète Rodolfo. Elle a ajouté que quand elle l’écoutait chanter ceci, elle ne pouvait s’empêcher de penser à moi :



Chi sono? Sono un poeta. Qui je suis ? Je suis un poète.
Che cosa faccio? Scrivo. Ce que je fais ? J’écris.
E come vivo? Vivo. Et comment je vis ? Je vis.




Sourire.



Puis nous sommes retournés flâner dans la neige. Elle ne cessait de s’émerveiller, me répétant qu’elle se rendait compte qu’elle devait donner l’impression d’avoir huit ans, mais que, sicilienne, elle avait découvert la neige tardivement. Ce ne serait jamais pour elle une évidence accompagnant l’hiver, mais toujours l’étonnement d’une douceur resplendissante redessinant les contours de tout.



Devant mon clavier, ce matin, je me suis souvenu que j’avais écrit quelques lignes fuyantes sur cet oiseau de feu. Je ne me rappelais plus que De Luca rôdait déjà dans les parages.



Le premier livre que j’ai lu de lui m’avait été offert par Sylviane, deux semaines avant que je me rende dans la ville de cet écrivain napolitain. Elle ne savait pas que ce voyage se profilait.



C’était « Montedidio », dont je garde en tête ces mots, lumineux de simplicité, qu’un des personnages aime dépoussiérer : « Tu comptes pour moi ».



Je me repose en effet, naïvement, et ce malgré les démentis que l’on me signifie parfois, sur la croyance réconfortante que l’importance que certaines personnes ont eue, à un moment donné d’une vie, reste gravée dans l’oscillation de nos pas ; ombre fraternel qu’un arbre nous offre les jours de grande chaleur.



Comme je ne veux pas finir sur cette note bien solennelle (ma voix s’affirmera, ou pas, dans la tentative parfois désespérante d’harmoniser le débat permanent qui me constitue, folle partie de poker entre sermons, tirades absurdes et ironie corrosive), je vous invite à aller lire le Foglia du 25 novembre, décapant comme je l’aime.



Et à faire un tour du côté des photos époustouflantes qui se trouvent sur ce site. C’est un pote "d’il y a perpète" qui m’en a parlé, juste après m’avoir dit qu’il ne me lisait jamais jusqu’au bout, parce qu’il me trouvait rudement soporifique.



Sourire.

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4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Mais sa copine, elle, te lit pour deux et toujours jusqu'au bout... Ca compense???
Biz

27 novembre, 2008 18:27  
Blogger katch said...

Tout à fait, c'est un plaisir de savoir que tu compenses les paupières tombantes que je provoque chez El Presidente!

Bisous givrés

27 novembre, 2008 18:34  
Anonymous Anonyme said...

"Valeur - c’est chaque forme de la vie , la neige , la fraise , la mouche.

Valeur , s’est le règne des minéraux ,
l’assemblée des étoiles .

Valeur , c’est le vin , jusque le repas dure , un sourire involontaire ,
tous ceux qui la fatigue n’a pas épargnée,
deux vieux qui s’ aiment .

Valeur c’est tout ce que demain non vaudra plus rien , et que même
aujourd’hui vaut très peu .

Valeur , ce sont toutes les blessures .

Valeur , c’est économiser de l’eau , réparer une paire des chaussures ,
se taire à temps , courir vers un cri ( hurlement .)

(…..................)


Valeur c’est l’emploie du verbe aimer
et l’hypothèse qu’ un créateur existe."


( Erri De Luca , poesie ‘ Valore ‘ )

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( On peut dire que cette traduction est ‘ sans aucune valeur ‘ et je m’en excuse … )

Une question. :

Que pensez vous du travail sur les textes bibliques que Erri De Luca fait
si assidûment depuis quelques anées . Cherche-t-il la sagesse ou la vérité , sa
vérité ?

Message pour Béatrice : c/o Katch . Merci

Il faut absolument voir le vidéo italien de De Luca Don Chisciotte e
gli invincibili ‘ - youtube . C’est superbe ! Ciao !

28 novembre, 2008 16:26  
Blogger katch said...

Comment cela, traduction sans valeur, mais pas du tout.

Ce poème a en plus une importance particulière pour moi, puisque Béatrice me l'avait "offert" l'année dernière, après être allée voir Gianmaria Testa au Cully Jazz Festival, il l'avait alors récité.

Pour ce qui est de la quête de De Luca, je me permets de reproduire ce passage qui me semble répondre en partie :

"Le Talmud dit que la lecture de celui qui s'arrête au seuil de la lettre est la lecture de l'insensé, c'est-à-dire de celui qui reste en dehors. Moi, je reste dehors, je suis hors de la profondeur et aussi hors de la tradition. Hors de la profondeur, parce que je ne vais pas plus loin que le premier sens, le sens littéral, car pour moi c'est déjà beau ainsi, bien suffisant à mon bonheur. Mais aussi hors de la tradition, parce que la tradition est le commentaire infini ajouté à la Mikra, la tradition est la civilisation du commentaire, des schismes, des hérésies et des retours sanglants à quelque orthodoxie.
Moi, je reste à l'entrée, au début, je m'arrête à la source, tandis que la religion, la tradition sont l'estuaire de cette eau qui, chemin faisant, s'enrichit et se trouble de tout."

Chapitre intitulé "Hébreu" dans "Essai de réponse".

01 décembre, 2008 08:15  

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