katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

vendredi, janvier 16, 2009

Chapeau bas, monsieur Chappaz

Allant, d’un pas décidé, au café tout proche où j’ai pris mes aises (je devine les regards souriants des employés, quand j’arrive, il s’adresse à moi dans un Franglais mâtiné de Portugais, ceci est du plus bel effet), je regardais les habits suspendus aux fenêtres, malgré le refrain de la pluie. J’avais déjà constaté cela à Naples, cette manière de braver le ciel, cette certitude que, de toute manière, le soleil reviendra. Les habits sécheront alors.

Aucune nuit n’est infinie, cette affirmation de Battuta s’imposait à moi. Les mots de Mouawad, aussi, encore. « Au moment où je vous écris, des gens, là-bas, font l’amour. Obstinément. »

Plus tard, alors que le noir avait avalé les gouttes, je cheminais dans les ruelles mal éclairées, poursuivi par une chorale canine pas très bien accordée. Ces chiens devinent un frère dans cette silhouette errante, sur la tête de qui trône une bien drôle de perruque, dont le quotidien semble être rythmé uniquement par déambulations et observations.

Puis, avec une pressante envie d’un baiser de miel et de mélisse, je suis rentré. Tasse en main, je suis allé consulter mon courrier électronique.


« Alors, il semble que tout le monde a ton adresse sauf moi... Et pour m'enquiquiner ils n'ont pas voulu me la donner... Mais là je me sens obligée de t'envoyer un mot, car une personne, ou plutôt devrais je dire un écrivain Suisse qui avait su te toucher est parti rejoindre le Bleu... Il s'agit de Maurice Chappaz qui disait qu'on n'écrivait pas pour être écrivain, on écrit pour ETRE... La pire des chose c'est que ses livres meurent avant soi!!! J'ai pensé que cela t'intéresserait car je me souviens que tu l'as cité plusieurs fois sur ton blog,... »

Ces quelques mots de ma maman m’attendaient.

Pas de tristesse, comme je lui ai répondu, il y a longtemps que le bonhomme espérait rejoindre Corinna Bille, la femme de sa vie, celle qui lui a « montré » le paradis ; pas de tristesse, non, mais beaucoup d’émotions. D’autant plus lorsque je l'ai regardé dans différents documents de la TSR, ou quand j'ai tapé Chappaz, dans mon petit moteur de recherche blogesque.

« L’intime sera ma profession. »

Cela fait écho à la confiance que certains d’entre vous me témoignent, en venant me lire, en se confiant, parfois, en croyant en moi, simplement, en étant persuadés que je vais faire mon chemin, que je suis en train de le faire, sans rien demander à personne. Mais en recevant beaucoup.

Je l’écoutais parler des vaches du Val d’Hérens, je ne pouvais m’empêcher de me dire que la disparition de cet empêcheur de construire en rond, en béton rond, représente l’envol d’un amour d’une certaine ruralité, d’une certaine Suisse, qui ne me laisse pas indifférent.

Il est beau lorsqu’il dit qu’il comprend que, depuis un bureau, on puisse considérer que son amour pour le Valais est celui d’un fou, littéralement.

Il y a un triste passage de témoin, dans cette revendication de folie, le dessin d’un pays qui était, il n’y a pas si longtemps, peuplé de 80% d’agriculteurs, et dont le dessein, aujourd’hui, est de voir 5 exploitations disparaître par jour.

Je n’ai pas de chiffres concernant ceux qui moribondent derrière des bureaux. Je ne préfère pas.

Le Clézio est beaucoup lu et loué, sans que je ne comprenne trop pourquoi. On m’a offert « Désert », c’était ma quatrième plongée dans son univers, avec le même constat : Bof, bof, bof.

Risquez vos regards dans « Le livre de C. », ou dans « Le garçon qui croyait au Paradis ».

Il s’y passe vraiment quelque chose.

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1 Comments:

Blogger Unknown said...

... il y a encore des coins de paradis dans notre petit pays... souvent accrochés à nos montagnes... du jura ou des alpes…du nord comme du sud...qu'il est bon de les traverser au pas…avec des skis ou pas...
Ai terminé La Billebaude de Vincenot...passage de témoin, pays et gens qui changent…
Ai commencé Super Biture, un récit d’Hugo L., …Ai mal au ventre… ou envie de vomir…
Pays et gens qui changent…punaise…me dit parfois qu’il manque de maître des abeilles… d’Into The Wild…de…de…de…respirer... écouter…s’éloigner…et…
Ouf, hop…souvenirs, quotidien, avenir…
…juste un pas, juste des pas… avec des skis ou pas …
…juste une goutte, juste des gouttes d’autrement dans un océan…

17 janvier, 2009 18:41  

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