katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

mercredi, février 18, 2009

Parole d'hurluberlu



Puisque le soleil impose de nouveau son style, par ici, il m’est tout simplement impossible de faire autre chose que de passer mes journées dehors, avec un sourire à me décrocher la mâchoire.


Malgré mon pied douloureux, mon programme est assez simple : je marche, je marche, je marche ; et parfois je me pose un moment pour lire, boire et grignoter les petites choses glissées dans mon sac avant de partir.


Comme je commence à connaître pas cœur les kilomètres de côte entre Lisbonne et Cascais, puis une bonne partie de la suite, j’ai traversé le Tage, hier, et pris un bus jusqu’à Sesimbra.


Puisque c’est un film qui a beaucoup remué Béatrice et moi, j’avais embarqué le bouquin qui a inspiré « Into the wild ».


Pendant mon crochet parisien, Céline m’avait dit que c’était un pur, Chris, elle avait ajouté qu’elle ne savait pas ce que je voulais faire, exactement, mais qu’elle était contre.


Sourires.


Quête de la vérité et de l’authenticité ont rythmé sa vie, incontestablement, une immense exigence vis-à-vis de lui et des autres, aussi, et un sens exacerbé du sacrifice.


Tout ceci ne s’accommode pas tellement avec l’humour et l’amour, alors pas trop de soucis à se faire pour moi, je suis bien trop benêt, et pas assez chaste, pour effleurer la pureté du garçon.


Sourires, toujours.


Posé sur une terrasse, j’ai écrit une lettre aux libraires de mon cœur, pensant qu’ils devaient sans doute être sous neige et brouillard, à Yverdon (qui a plébiscité la vidéo surveillance à la gare. Comme quoi je vais pouvoir rentrer, plus d’inquiétude à avoir. Je suis rudement soulagé, parce que l’insécurité, tout de même.).


Je terminais en leur écrivant que j’espérais que, contrairement à ce que laissaient penser les derniers chiffres (ah les chiffres, est-ce qu’ils ne pourraient pas nous lâcher un moment, ceux-là ?!?), les nouvelles n’étaient pas trop déprimantes.


Ils n’ont pas encore pu me répondre, forcément, mais, ce matin, en lisant le journal, j’ai appris que la dernière librairie de Porrentruy, qui en comptait cinq il n’y a encore pas si longtemps, est plus que menacée.


Là, pas de sourire.


Alors quoi ?


Alors je ne sais pas, mais disons que ceux qui passent par ici de temps en temps et qui cheminent près d’une librairie, de temps en temps aussi ; une vraie librairie, avec tout ce que cela signifie en termes de lieu spécial, de «best seller» discrètement rangés (parce que l’on sait que c’est rarement à l’intérieur d’iceux qu’il se passe vraiment quelque chose), de libraires passionnés mais parfois timides, d’endroit où l’on dépose sa montre en entrant, d’impression de se sentir dans son salon ; oui, tous ceux que leur pas mènent à proximité d’un de ses lieux de résistance, entrez, de temps en temps, même juste pour dire bonjour et pour leur dire combien vous avez conscience que leur métier est ingrat, mais tellement beau et important.


C’est vrai que les livres sont chers, qu’on ne peut pas se permettre cela souvent, alors vous savez quoi ? Optez pour les croissants, ou quelques tranches d’un gâteau que vous avez concocté avec amour, ça marche aussi à merveille.


Vous entrez dans la librairie, vous dessinez votre plus beau sourire, et vous leur apportez un p’tit truc à se mettre sous la dent. Parce que oui, même les gens qui passent des heures perdus dans les pages mangent, et aiment les bonnes choses.


Parole d’hurluberlu qui correspond à ce profil.


Littérairement, nutritivement, ben voyons, et bien câlinement vôtre


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2 Comments:

Blogger Unknown said...

A Nyon, on avait une jolie librairie, "Le Pavé". Je me rappelle de cette sensation d'infini quand j'y rentrais. On était encadré de livres, à la manière de Gaston Lagaffe! Il était impossible de croiser une autre personne dans les rayons: pas la place pour deux. J'avais même l'impression qu'il y avait des livres au plafond!

Puis, Payot s'est installé à 500 mètres de là...

18 février, 2009 11:25  
Anonymous Anonyme said...

IL est bien ce texte j ai tout lu!!!! hihih! C'est quoi le livre qui a inspiré Chris? Thoreau? Tu l'as reacheté? Allez tchoupo, a dans une semaine yeah!!!! fais chauffer les sardines!

18 février, 2009 22:14  

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