L'encre est ma demeure
Hier matin, bonheur intense sur la terrasse du café qui se trouve dans la parc tout proche.
J’ouvrais les deux paquets reçus, un d’Allemagne, « Das Buch von Blanche und Marie » de Per Olov Enquist à l’intérieur, mais aussi plein de sourires ; et un de Paris, avec beaucoup d’amour et un livre, « La colline des Anges », dédicacé par monsieur Depardon himself.
Sourires. Plénitude. Confirmation.
A nouveau le soir, en arrivant, c’était alors Vivette, alias la flèche, qui me saluait par boîte aux lettres interposée.
Me faire un thé, sortir les feuillets de l’enveloppe, me laisser imprégner.
Pendant l’après-midi de cette journée qui, comme souvent depuis que j’ai déraillé, a été composée d’heures mille fois plus enrichissante que celles qui s’empilaient (s’empaillaient ?) pendant tous mes semestres universitaires, je suis allé faire une nouvelle parade amoureuse à la bibliothèque de l’IFP.
A la clef, je tiens à ce « f » désuet, une découverte qui s’est instantanément infusée dans ma colonne vertébrale : Georges Castera.
C’est le titre de son anthologie, préfacée par Lyonel Trouillot, qui me l’a mis entre les mains : « L’encre est ma demeure ».
Dussiez vous n’avoir qu’un livre de poésie, dans votre bibliothèque, hormis ceux qu’il vous reste des cours lénifiants dispensés « en temps et en heure », prenez vos dispositions pour que ce soit celui-ci.
Demoiselle Besson, si vous me lisez, trouvez-lui je vous prie une place dans le petit coin adéquat de ma librairie chérie, je vous enverrai une lettre avec un petit cœur à déposer dessus.
Je répète : Georges (le prénom de mon grand-papa, yatata) Castera (Katchera, yatatatata), « L’encre est ma demeure ».
Merci.
« [..]
Je t’écris pour t’apprendre
que j’ai longtemps parlé avec les poings serrés
pour ne pas crier avec
l’horizon qui fait naufrage. »
La lettre sous la langue
« […]
J’ai remis vois-tu
Mon vêtement de marginalité
Je vais encore dans le sens des miroirs
Le temps que j’habite n’a pas de portes. »
La lettre du sixième sens
« […]
le poème devient un instrument
de percussion du quotidien
un instrument de répercussion
des jours sans festin ni destin
la pièce à conviction
des procès à venir »
Litige
Je vous les copie, et j’en frissonne à nouveau.
Bien que flirtant depuis longtemps avec la poésie, je n’avais pas encore trouvé la plume « identitaire ».
Des parents, des frères et sœurs, des amis, mais pas mon Gary versifié.
Eh bien voilà.
« vous qui dormez avec la nuit
dans votre poche
le soleil est devant vous
peine capitale
vous ne saurez pas la violence
de ses yeux dans ma vie
j’ai gardé dans ma folie
dissidence d’oiseaux
pour les jours qui ouvrent aux jours
la seule issue poussiéreuse du temps
l’horizon a piétiné nos bornes délirantes
il y a des jours de désespoir
où la mer remue ses cendres
dans le cœur des papillons
il y a des jours de rage
où il te faudra revenir au poème
ta seule part d’absolu. »
Vous qui dormez…
Libellés : Pensées vagabondes, Photos
1 Comments:
"L'encre est ma demeure"
Mais cette demeure n'existe qu'au sein des vagues qui me propulsent à l'infini du néant en instance...
Mais cette demeure ne sera jamais que cette larme bleue qui m'a initialement obligée en existence au choeur des verts pâturages où la douceur de mon âme moutonne...
Marie-Christine TOUCHEMOULIN
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