Nossa Senhora do Monte
Un groupe d'Anglaises en train de se faire photographier
avec
puis sans flash
une jeune fille à l'air désespérément triste
lisant
puis notant quelques mots dans son carnet
moi qui hésite
l'observe discrètement
décide de la laisser ruminer toute seule ses mauvaises herbes intérieures
une autre groupe d'Anglaises qui arrive, la suite du troupeau en fait,
elles courent pour que leurs appareils ne ratent pas le coucher de soleil, qu'elles ont, pour leur part, déjà loupé
des moments nous passent sous le nez comme des trains, sans même qu'on s'en aperçoive
c'est que le regard a besoin de certains élémentaires égards
un mec cool les suit, il a quelques bouteilles et quelques blagues à deux balles en guise d'attirail
la jeune fille a déplacé sa tristesse qu'un chien reniflait de trop près
il y a à main gauche des travaux entravant la meilleure partie du tableau que je contemple en simple badaud
me revient alors, mince fil d'images reliant les crépuscules, le corps magnifique, noir, nu, qui allait à la rencontre des vagues, au moment où la pelote de rayons rouges s'extirpait à l'horizon, samedi matin
personne à part nous deux, lui sorti il y a peu de son abri d'infortune, tout proche, qui bientôt ne pourra plus l'être, parce que l'endroit est en mutation, le bord du Tage se rêve plus propret
j'ai levé la main
en réponse lui aussi
je ne sais pas si on peut dire qu'on s'est aimé l'espace d'une seconde, mais presque, on a embrassé ensemble le fragment d'absolu qui voltigeait autour de nous
oui en fait
on s'est aimé l'espace d'une seconde
et de l'écrire à présent
c'est difficile à expliquer
mais je me sens comme un peu plus grand
et je souhaiterais que lui du coup aussi
jeté qu'il est dans cette drôle de vie
ayant en permanence le dehors pour décor
ce qui peut vite faire des dégâts au niveau du corps
et de l'esprit
alors oui on s'est aimé l'espace d'une seconde
et on était bien dans notre commune et fragile humanité
la Ginga est désormais dans les verres des touristes, ce qui a le don d'étoffer les gloussements, d'étouffer en partie l'apaisement de ceux n'étant pas conviés à faire santé
la jeune fille s'éloigne, sans doute trop de légèreté dans l'air désormais, cela ne colle par avec le goût de fin du jour qu'elle a jusque dans la bouche
un peu avant, dans un café tout proche, je m'entortillais les pensées sur du papier, tentant de faire entre « âme » et « authenticité » un trait d'union, me demandant s'il ne fallait pas se résoudre, les concernant, à ne faire que des traits
le chien vient flairer un autre couillon, here I am
cela caquète de plus belle dans la colonie vacances diversement vertébrées
arrive alors une fulgurance de quoi
quatre ans
disons cinq
se souciant peu des exhortations de sa maman
« ne va pas là-bas ! »
longeant la barrière
« fais attention ! »
engloutissant le paysage
« cette fille me rendra folle »
s'invitent alors dans ma caboche, sans trop que je sache pourquoi, les paroles de Sara quand je lui ai dit qu'elle n'avait pas besoin de ses bottes:
« la pluie est encore en train de dormir, mais on ne sait jamais »
la fulgurance se tourne vers moi
j'ai dû penser trop fort
il y a de ces êtres qui sentent les frémissements qui vous parcourent
elle me regarde en souriant
s'approche
dépose sa petite main sur mon genou:
« t'as remarqué que depuis ici on voit le monde entier ?!? »
Libellés : Pensées vagabondes, Photos
1 Comments:
« C’est pendant ce retour , cette pause, que Sisyphe m’intéresse. Un visage qui peine si près des pierres, est déjà pierre lui-même-
(……62025738……………………………………..
A chacun des ces instants , ou il quitte les sommets et s’enfonce peu à peu vers les tanières des dieux ,il e supérieur à son destin. Il es plus fort que son rocher « .
A.C.- Le mythe de Sisyphe – p.165
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