katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

vendredi, octobre 27, 2006

Rap et littérature

« […] j’affectionne particulièrement des auteurs tels que Raymond Carver et Albert Camus. Leur esthétique m’émeut et n’est pas étrangère à l’écriture que j’ai voulu développer sur Gibraltar. »

Abd Al Malik

« Et à l’avenir, vous vous voyez faire quoi ? :

Oxmo Puccino : Continuer ce que je fais, écrire, avec ou sans musique.
Rocé : Idem pour moi. Parce que l’écriture, c’est déjà de la musique.»


Au moment où les banlieues françaises font à nouveau parler d’elles, je repense à une idée qui me trotte dans la tête et qui, me semble-t-il, permettrait de dessiner des ponts entre ces mondes qui s’opposent.

Il y aurait, d’un côté, enfin pas vraiment d’un côté, parce qu’il n’y aurait pas d’oppositions, bien au contraire, juste une saine et constructive émulation, il y aurait donc certains rappeurs dont les propos, puisés dans la puissance évocatrice de la littérature, dépassent l’assemblage de clichés et permet à leur parole de faire d’eux plus que de simples chroniqueurs urbains. Ils amènent, en plus, une pensée, un souffle artistique permettant la réflexion.

Avec eux, il s’agirait de réunir des écrivains actuels qui s’inscrivent pleinement dans le temps, par le regard qu’ils portent, par les inquiétudes qui sont les leurs et qui dépassent, largement, le simple cadre littéraire. Je pense à Jean-Yves Cendrey, François Bon, François Bégaudeau et Antoine Emaz, par exemple.

On réunirait ce petit monde dans des endroits réservés à la culture « bourgeoise », dans des théâtres de renom par exemple, ou dans des auditoires d’université.

On leur donnerait la parole, on regarderait communier deux mondes éloignés alors que tout les rassemble.

On verrait, dans les spectateurs, des p’tits gaillards avec des casquettes vissées sur la tête à côté de bons m’sieurs avec cravates.

Une fois que la magie commencerait à prendre, que chacun aurait pu expliquer la place que le livre a occupé et occupe toujours dans sa vie, on écouterait, pour commencer, Gérard Jouannest jouer quelques notes et Abd Al Malik l’accompagner, le pianiste nous dirait ensuite que la dernière personne avec qui il a travaillé comme il l’a fait avec ce jeune noir, c’était Jacques Brel.

Le rap est plus, beaucoup plus, que sea, sex and sun, comme pourrait le laisser supposer MTV.

C’est même précisément le contraire.

Libellés :

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Mais comme pour la littérature, il y a du "bon" et du "mauvais" rap. Certaines personnes qui ne recherchent que l'argent facile (Tragédie, par exemple - ils portent bien leur nom de groupe...) et d'autres qui ont des exigences (entendre Abd al Malik parler de Deleuze, Derrida dans une de ses chansons, ça surprend de prime abord, mais c'est rassurant de voir que certains de ces artistes ont une réelle conscience sociale).

31 octobre, 2006 13:22  

Enregistrer un commentaire

<< Home