Une vérité qui démange
« Hier, j’ai été invité à une émission de radio pour expliquer en deux secondes aux auditeurs pourquoi ils devraient se donner la peine de lire. Pour que, littéralement, ils se donnent la peine, ai-je répondu. J’ai failli ajouter : et pour que, au passage, ils connaissent le salut de l’esprit, cet idéal de Musil. Mais je ne l’ai pas dit, il m’a semblé que c’était excessif et, en plus, j’aurais dépassé les deux secondes réglementaires. »
Ce qui est extraordinaire, un livre de Villa-Mattas entre les mains, c’est que nous ne lisons pas uniquement cet écrivain barcelonais génial, mais nous sommes aussi en présence de Borges, de Kafka, de Walser,…
Dans « Le mal de Montano », la « réalité » du narrateur change plusieurs fois, mais, dans chaque partie, il s’agit d’un hymne à la littérature (le mal de Montano étant précisément de tout rapporter à la littérature, ce dont souffre le narrateur).
Un moment donné, alors qu’il donne une conférence sur le journal personnel comme forme narrative, à Budapest, il explique que, pendant qu’il parle, il a subi une « désagréable mutation » qui l’a vu vieillir de vingt ans.
Aujourd’hui, dans « Le Temps », il y a, suite au rapport bisannuel du WWF (non les bisaïeuls n’ont rien à faire là-dedans, quoique…), un nouvel article alarmant sur notre consommation d’énergie (pour l’helvète moyen, il faudrait, d’ici quelques années, trois planètes pour assouvir ses besoins de petits cochons grassouillets, ça c’est moi qui rajoute), la semaine dernière, l’Institut français de l’environnement publiait également son rapport, dans lequel était mis en exergue le fait que « l’enjeu est maintenant surtout du côté des sources diffuses, celles qui nécessitent l’adhésion de chacun dans ses choix individuels (pour se déplacer, consommer, se loger,…) ou dans les choix collectifs (construire une société plus sobre en carbone,…). »
Cela me ramène à Villa-Mattas, pour deux raisons, tout d’abord en écho à la citation que j’ai copiée, au fait de « se donner la peine », que je trouve important, mais, dans un deuxième temps, je me sens, lorsque j’écris ce genres de choses, comme son personnage lorsqu’il est en Hongrie et qu’il se voit « vieillir sur place ».
Que dire si j’ajoute que j’aime aussi l’idée de « salut de l’esprit », aïe, aïe, aïe !?!
Je prends des années, des décennies dans les dents, et vu que j’ai déjà une dentition de chameau, sans doute que c’est mieux d’éviter ce genre de choses.
Alors, très chers lecteurs, copains comme cochons, voilà longtemps que l’on fait de l’anomie parce que l’on mange trop, alors continuons comme ça : Bouffons-les, on finira bien par se bouffer nous-mêmes !
Libellés : Pensées vagabondes
2 Comments:
bonzour ! excellent, ca réveille dès le matin :)
Excellent !
Je suis content que tu aimes Le mal de Montano. Le roman comme art de la digression. La preuve: le commenter nous emmène ailleurs.
J'ai moins aimé la toute dernière partie mais bon, un livre génial à 80%, je vais pas faire la fine bouche !!
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