katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

samedi, juillet 21, 2007

Montreux, entre ombre et lumière.

Il y eut, à une période qui semble aujourd’hui bien lointaine, et pourtant, une mutation immense dans le support musical, le CD, deux lettres qui, d’une certaine manière, ont déjà fait leur temps, laissant désormais le soin aux artistes de composer avec I-Pod, Mp3 et autres téléchargements en tous genres.

Un des impératifs (autrement plus important que le côté purement marketing du DVD bonus ou autres boîtiers « design ») de ces termes sortis d’un mauvais film de science-fiction est, pour les gens qui vivent de leur musique, ou pas, de réinvestir pleinement la scène.

J’ai eu, en l’espace de deux jours, la chance d’assister à deux shows situés à des années lumières en manière de volonté de transmettre quelques chose de plus que son répertoire, quel qu’il soit.

Mercredi, le légendaire Wu-Tang Clan investissait le Miles Davis pour un show ridicule, malgré quelques morceaux ENORMES, petite goutte d’eau dans un peu plus d’une heure de sécheresse absolue. Les messieurs étaient là pour promouvoir leur prochain album, ce qu’ils ont fait en montrant 25 fois leurs T-Shirts accompagnés de cette pensée incroyablement profonde et poétique : « The power (il faut lire l’argent…) that you give to us, we bring that shit back to you ».

Ils ont réussi, après à peine une heure et demi de concert (même laps de temps de retard…), à terminer sur trois morceaux qu’ils se sont contentés de nous faire écouter sur platine.

Pitoyable. Dégoûté le Katch.

Et puis il y a eu hier soir.

Merci Keren Ann, Eric Truffaz, Abd Al Malik et leurs musiciens.

Madame a commencé tout en douceur, avec cette timidité qui lui confère un charme si particulier et cette voix qui a enchanté même ceux qui étaient là en curieux.

Puis Truffaz, accompagné d’un Ed Harcourt exceptionnel.

Voix et trompette se répondaient, orchestrées par des musiciens de rêve, pendant un temps indéfini et indéfinissable la grâce planait sur le Miles Davis.

Il allait être très, très dur de faire mieux que ça.

Mais un grand bonhomme, qui réussit à avoir la classe avec un simple survêtement de training, allait relever le défi avec brio.

Concert époustouflant où l’émotion du jeune banlieusard du Neuhof qui se retrouve dans une salle mythique, avec un Truffaz des grands soirs venus l’accompagner sur deux morceaux, s’est muée en deux heures d’hommage en tous genres, avec une note particulière concernant « un des plus grands MC de tous les temps », comme il s’est plu à le rappeler : Jacques Brel.

Quittant l’endroit aux alentours de 2h, après deux rappels mémorables, la chair de poule était encore accrochée à moi, marques d’un frisson continu qui avait commencé près de six heures plus tôt.

Grandiose.

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2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Merde merde merde je vais le rater, je quitte finalement le 31 pour le nord ontarien! Et j'ai raté Truffaz au Festi de jazz, pas assez de blé pour tout voir (il était avec Ed Harcourt itou - mais son dernier album est à moitié raté malheureusement) par contre ce que tu racontes sur Wu-Tang confirme ce que je pense des rappeurs/showman, un terme antinomique: la scène comme lieu d'une offrande de l'artiste, qui SE donne. Dieu sait que je n'ai pas suivi un artiste comme Prince dans tous ses délires (et surtout pas dans son actuel délire de Témoin de Jéhovah), n'empêche, y'a personne pour danser, jouer de la guitare, se donner pendant 3 heures pour le pur plaisir de la musique et du partage comme il le fait. Un art qui se perd ? Je veux dire, celui de l'artiste qui chante, joue d'un instrument, danse comme un dieu, qui arrive sur scène avec un sens du spectacle, de l'évènement. Ahhh, pouvoir être à Montreux le 26...

22 juillet, 2007 04:15  
Blogger Alexandre said...

C'est décevant ce comportement du grand Wu-Tang Clan. Pour le second concert j'aurais trop voulu voir M. Abd Al Malik et Mme. Keren Ann mais je me suis allé découvrir le Blue Balls Festival de Lucerne et Damien Rice. Un génie et ses musiciens géniaux.
Faudra que je t'explique tout cela à l'occassion d'une partie de Ping pong...

Au plaisir de se revoir!

22 juillet, 2007 21:32  

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