katchdabratch

S'engouffrer dans le sillon de mots indociles; y façonner des points d'appui, pour soi et quelques autres. Pétrir les silences qui sont une partie du terreau où s'ensemence ce qui nous dispose dans le jour. Les inviter à s'ébrouer. Apparaît alors parfois une ouverture, elle offre au souffle un fragment de miracle: ne plus craindre la douceur.

jeudi, février 19, 2009

mettre la littérature au comptoir des bistrots





Plusieurs petits instantanés ont fait mon bonheur, lors de mes errances de ces derniers jours.


Deux vieux messieurs ; l’un faisant des ricochets, tout seul, sur la plage ; l’autre se poilant, tout seul également, surmonté par une casquette avec une immense feuille de cannabis.


Hier, alors que je dégustais un sandwich sur un muret, au bord de l’Océan, une dame parlait avec un chat qui, enfermé autour d’une piscine, gémissait tous les miaulements de son corps.


Moi de me marrer, je dois bien le dire, ce qui n’était que moyennement au goût de la très respectable dame.


Le fait est que, après dix minutes de pourparlers, elle a réussi à le mener jusqu’à une ouverture qu’elle n’avait tout d’abord pas vue…


Elle, ensuite, de me toiser l’air de dire « tu vois, grand dadet, tu fais moins le mariole maintenant ».


Et le chat de courir se frotter contre mes guibaules, espérant goûter à mon repas.


Comme je le trouvais bien ingrat, je l’ai plutôt tendu à madame.


J’ai bien « failli m’en prendre une » comme dirait l’autre.



Aujourd’hui, reprenons notre sérieux, j’ai eu une pelote d’émotions soyeuses qui s’est déroulée dans mon ventre, alors que je lisais le centième numéro du « Matricule des anges ».


Leur bref historique, l’aventure a débuté en 1992, montre la fidélité à la ligne de conduite éditoriale qu’il s’était fixée. Sans compromissions, sans aides. Avec passion.


« Si, pour nous, la littérature n’est pas un divertissement (au sens pascalien du terme), il n’est pas nécessaire de prendre un air contrit pour en parler. Ni de s’emprisonner dans la tour d’ivoire des happy few. On préférerait mettre la littérature au comptoir des bistrots. Puisqu’elle parle de nous, qu’au moins on puisse parler d’elle. Le refus du divertissement n’implique pas l’austérité ni qu’on fasse la gueule. Et pour nous, lire est aussi affaire de plaisir, quand ce n’est pas de jouissance. »


Je me rappelle encore, en décembre 2003, j’avais acheté mon premier numéro, figurait sur la couverture Vila-Mattas dont je connaissais à peine le nom.


J’avais été ébloui d’emblée, par les photos, par l’absence de publicités, par la qualité et la longueur, non seulement de l’entretien, mais du dossier consacré à cet écrivain. Depuis lors, je n’ai plus raté un numéro, et j’ai lu tous les livres d’Enrique qui me sont tombés sous la main.


C’est le seul de mes abonnements, venant au Portugal, que j’ai fait suivre; leurs voix me sont vraiment précieuses.


Je vous laisse, avec Thierry Guichard à nouveau, déjà auteur des lignes précitées :


« La littérature nous nourrit. Elle irrigue le rapport que l’on a au monde qui nous entoure, à l’Histoire, au passé comme à l’avenir. Elle nous ouvre une connaissance de notre nature humaine où la pensée se voit épaulée parfois par l’émotion, le sentiment, le ressenti. La littérature nous approfondit dans la mesure où elle est aussi un révélateur de nous-mêmes à nous-mêmes, des autres aussi. Elle interroge ce qui n’a pas de réponse, s’avance hors des sentiers battus par la langue de la communication. »

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1 Comments:

Blogger helenablue said...

« La littérature nous nourrit. Elle irrigue le rapport que l’on a au monde qui nous entoure, à l’Histoire, au passé comme à l’avenir. Elle nous ouvre une connaissance de notre nature humaine où la pensée se voit épaulée parfois par l’émotion, le sentiment, le ressenti. La littérature nous approfondit dans la mesure où elle est aussi un révélateur de nous-mêmes à nous-mêmes, des autres aussi. Elle interroge ce qui n’a pas de réponse, s’avance hors des sentiers battus par la langue de la communication. »

Oh que oui , je n'ai pu m'empêcher de remettre en commentaire ce passage que je trouve plus que juste ...

J'ai aimé cette ballade dans vos instantanés , errance gracieuse et poétique , et la musique aussi ...
A trés bientôt
Helena

22 février, 2009 13:48  

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